Santé publique

Cancers, le nombre de nouveaux cas multiplié par deux en près de trente ans

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Publié le 04/07/2023
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Selon le BEH, le nombre de nouveaux cas de cancers, toutes localisations confondues, devrait atteindre 433 136 en 2023 avec une incidence en hausse notamment chez la femme.

Crédit photo : NIH-VOISIN/PHANIE

Depuis 1990, le nombre de nouveaux cas de cancers a presque doublé, avec une dynamique plus péjorative chez les femmes que chez les hommes. Tel est le constat dressé par une étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 4 juillet.

Mené conjointement par Santé publique France, l'Institut national du cancer, le réseau des registres des cancers Francim et le service de biostatistique-bioinformatique des Hospices Civils de Lyon (HCL), ce travail « avait pour objectif d’estimer l’incidence des 19 cancers les plus fréquents *, ainsi que celle de l’ensemble des cancers en France métropolitaine pour l’année 2023, et d’actualiser l’analyse des évolutions depuis 1990, en particulier pour les années récentes », résume le BEH. Des projections ont été réalisées à partir des données des registres de cancers observées de 1985 jusqu’en 2018.

Résultats : pour 2023, le nombre de nouveaux cancers, toutes localisations confondues, est estimé à 433 136 nouveaux cas. Soit par rapport à 1990, une augmentation de 98 % des cancers chez l’homme et de 104 % chez la femme.

Si pour les auteurs de l’étude, cette hausse s’explique avant tout par des facteurs démographiques (accroissement et vieillissement de la population), elle témoigne aussi d’une augmentation intrinsèque portée à la fois par les évolutions diagnostiques et l’augmentation du risque de cancer lié aux comportements et modes de vie.

Des évolutions moins favorables chez la femme

Avec sur ce point de fortes disparités selon le sexe. Ainsi, chez les femmes, les modifications démographiques n'expliqueraient que la moitié de l'augmentation des nouveaux cas de cancers observée (le reste étant attribuable à un accroissement réel du risque) contre près de 80 % chez les hommes. Et si depuis 1990, le taux d’incidence "tous cancers" a augmenté de façon continue en population féminine (pour atteindre 274 cas pour 100 000 personnes-années en 2023), chez l’homme, ce taux a augmenté jusqu’en 2005, avant de diminuer puis de se stabiliser autour de 355 pour 100 000 personnes années depuis 2012.

« Cette tendance pour l’ensemble "tous cancers" masque des évolutions variables selon la localisation », nuancent les auteurs. Mais globalement, « pour les hommes, il y a beaucoup d'évolutions plutôt favorables, sauf pour le mélanome de la peau, les cancers du pancréas et du rein qui continuent à augmenter ». Alors que pour les femmes, « les évolutions sont défavorables pour davantage de localisations », a résumé le Dr Florence Molinié, présidente de Francim, lors d'une conférence de presse, pointant notamment le rôle du tabagisme féminin. Ainsi, en population féminine, l'incidence des cancers induits en partie par le tabac (lèvre-bouche-pharynx, œsophage ou poumon) « augmente considérablement », alors qu'elle baisse chez les hommes, souligne l'étude.

Par ailleurs, pour les cancers du côlon-rectum, l’augmentation modérée de l’incidence de 1990 à 2023 est particulièrement observée chez les femmes autour de 40 ans. « Jusqu’à récemment en France, aucune augmentation de l’incidence telle que décrite chez les adultes jeunes aux États-Unis, au Canada, en Australie et dans certaines régions d’Asie depuis quelques années n’avait été observée. Il est possible que l’évolution des comportements, alimentaires ou d’activité physique, et l’augmentation du surpoids et de l’obésité puissent partiellement expliquer cette tendance, qu’il sera nécessaire de confirmer ou d’infirmer ultérieurement pour la France ».

Actuellement, chez l’homme, les cancers de la prostate (59 885 cas), du poumon (33 438 cas) et du côlon-rectum (26 212 cas) sont les plus fréquents. Chez la femme, ce sont ceux du sein (61 214 cas), du côlon-rectum (21 370 cas) et du poumon (19 339 cas) qui arrivent en tête. L’âge médian au diagnostic est de 70 ans et de 68 ans respectivement.

*Lèvre-bouche-pharynx, œsophage, estomac, côlon-rectum, foie, pancréas, poumon, mélanome cutané, sein, col de l’utérus, corps de l’utérus, ovaire, prostate, rein, vessie, système nerveux central, thyroïde, lymphome diffus à cellules B, myélome-plasmocytome.


Source : lequotidiendumedecin.fr