Covid-19 : des réinfections possibles, surtout après 65 ans

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Publié le 18/03/2021
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Crédit photo : SPL/PHANIE

L’immunité naturelle au covid-19, acquise lors d’une infection par le SARS-CoV-2, confère une protection efficace contre d’éventuelles réinfections. Cette protection apparaît toutefois moins performante chez les personnes de plus de 65 ans, pour qui les réinfections semblent plus fréquentes. Telles sont les conclusions d’une vaste étude danoise publiée mercredi dans Le Lancet.

Jusqu’à maintenant, « le degré de protection conféré par une infection par le SARS-CoV-2 vis-à-vis de réinfections ultérieures [n’était] pas bien décrit », rappellent les auteurs de ce travail qui se sont donc proposé d’évaluer plus précisément le niveau protection associé à une première infection vis-à-vis de contaminations répétées.

Pour ce faire, ils ont analysé les données produites dans le cadre de la stratégie nationale danoise de dépistage du covid-19, qui a mené près de 70 % de la population (4 millions de personnes) à réaliser 10,6 millions de tests en 2020. Toutes les personnes testées lors de la première vague de l’épidémie, entre mars et juin 2020, ont été incluses. « Nous avons ensuite suivi cette cohorte au cours de la seconde vague de l’épidémie, entre le 1er septembre et le 31 décembre 2020 », expliquent-ils.

80 % de protection chez les jeunes, contre 47 % chez les plus de 65 ans

Résultat : « nous avons trouvé que la protection contre une réinfection à SARs-CoV-2 est robuste et détectable chez la majorité des individus », résument les auteurs.

De fait, les réinfections se sont avérées rares au cours de l’étude. Seule une très faible proportion – estimée à 0,65 % – des personnes infectées au printemps dernier a en effet été recontaminée au cours de la seconde vague. Et ce quand 3,3 % des personnes naïves au virus ont, elles, été infectées cet automne – soit un taux d’infection 5 fois supérieur. Des résultats confirmés par le suivi tout au long de l’épidémie (pas seulement de la seconde vague) d’une cohorte alternative de 2,5 personnes ainsi que par une sous-analyse centrée sur les données de soignants.

Toutefois, la nuance « chez la majorité des patients » a son importance : d’après ce travail, le niveau de protection conféré par l’immunité naturelle diminuerait avec l’âge. « Alors qu’une infection préalable assurait aux sujets de moins de 65 ans une protection d’environ 80 % contre une réinfection, pour les personnes âgées de 65 et plus, elle n’est associée qu’à 47 % de protection », résume un communiqué de presse associé à l’étude. D’après les auteurs, cette différence pourrait s’expliquer par un phénomène de « sénescence immunitaire » .

Une étude réalisée avant l’apparition des variants

Toutefois, ces conclusions posent question.

D’abord parce que, concernant les sujets âgés, d’autres chercheurs ont trouvé des résultats différents, plus encourageants. « Un autre groupe d’étude, qui a utilisé une autre méthode d’analyse, a trouvé un haut degré de protection vis-à-vis des réinfections chez les personnes âgées », admettent les auteurs, qui appellent toutefois à prendre en compte leurs résultats pour « informer les décisions » - en particulier concernant l’application de mesures de prévention chez les aînés déjà infectés.

Autre point qui nécessite de plus amples recherches : la durée de la protection. Si les auteurs rapportent en effet n’avoir pas constaté de déclin de la protection au cours d’une période de 6 mois, la durée totale de la protection reste inconnue. Et ce « parce que trop peu de temps s’est écoulé depuis le début de la pandémie », plaident les auteurs.

Par ailleurs, l’efficacité de l’immunité naturelle n’a ici pas été liée à l’intensité des symptômes présentés lors de la première infection, reconnaissent les chercheurs. Or, les formes les plus symptomatiques pourraient être liées à une protection accrue.

Enfin et surtout, ce travail ne répond pas à la question de l’efficacité de l’immunité naturelle contre les variants qui ont émergé à la fin de l’hiver. « Pendant la période d’étude, la présence de ces variants n’était pas encore établie au Danemark », expliquent les chercheurs.

Affaire à suivre donc.


Source : lequotidiendumedecin.fr