Covid-19 : plus de 96 % des patients anosmiques retrouveraient l’odorat en moins d’un an

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Publié le 24/06/2021
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Crédit photo : GARO/PHANIE

C’est un chiffre qui devrait rassurer les patients présentant une anosmie consécutive à une contamination par le SARs-CoV-2. Plus de 96 % d’entre eux récupéreraient leur odorat avant un an. C’est ce que suggère une étude observationnelle française publiée aujourd’hui dans le Journal of the American Medical Association (JAMA). 

Voilà un peu plus d’un an que les premières anosmies associées au Covid-19, considérées comme des signes quasi pathognomoniques d’infection par le SARS-CoV-2, ont été rapportées. « Cependant, l’évolution temporelle et la réversibilité de ces troubles olfactifs liés au Covid-19, qui peuvent persister et affecter négativement la vie des patients, nécessitent une étude plus approfondie », jugent les auteurs du présent travail.

Ces derniers ont suivi pendant un an une cohorte de 97 patients atteints d’anosmie depuis plus de 7 jours au moment de leur inclusion. Après leur recrutement en avril 2020, ces volontaires ont été amenés tous les 4 mois à remplir un questionnaire leur permettant d’estimer subjectivement leur récupération. Certains (51 au total, soit la moitié environ des sujets de la cohorte) ont également réalisé des tests psychophysiques (tests de seuil et d’identification, test de Sniffin’Sticks), censés évaluer plus objectivement la fonction olfactive.

Moins de 4 % des patients encore objectivement hyposmiques à un an

Résultat : « l’anosmie persistante liée au covid-19 a un excellent pronostic, avec une récupération presque complète à 1 an », concluent les auteurs.

Selon les tests psychophysiques, la grande majorité des volontaires de l’étude testés ont en effet retrouvé totalement leur odorat en moins d’un an. À 4 mois, sur les 51 participants qui ont été soumis à des tests, 43 (soit 84,3 % des sujets) étaient « objectivement normosmiques ». Quatre mois plus tard, soit à 8 mois après le diagnostic, 6 patients supplémentaires avaient également retrouvé complètement leur odorat, toujours d’après les tests objectifs. Au total, au bout de 12 mois, seuls deux patients restaient encore hyposmiques, avec comme troubles persistants un seuil olfactif anormal dans un des cas, et « une parosmie provoquant une identification anormale » dans l’autre, détaillent les chercheurs.

Des auto-évaluations moins encourageantes

Cependant, si on se fie au ressenti des patients, les résultats apparaissent moins encourageants.

En effet, à 4 mois, parmi les 43 patients objectivement normosmiques d’après les tests psychophysiques, 19 affirmaient n’avoir recouvré que partiellement l’odorat. Par ailleurs, parmi les 46 patients qui n’ont pas répondu aux tests psychophysiques, 14 rapportaient aussi n’avoir, au bout de 12 mois, pas complètement récupéré leurs facultés olfactives.

« Les participants ont eu tendance à sous-estimer le retour de la normosmie », estiment les auteurs. Un phénomène qui pourrait s’expliquer par des troubles qualitatifs tels que la parosmie susceptibles de perturber l’auto-évaluation.

Mais les auteurs pointent aussi « la capacité limitée des tests olfactifs à capter un retour complet de l'odorat chez les individus ayant des capacités olfactives de base plus élevées ».

Autre bémol : la majeure partie des participants étaient des femmes et des sujets de moins de 50 ans. « Deux facteurs qui sont associés positivement à la récupération complète de l’odorat », admettent les auteurs. D’où des résultats potentiellement surestimés.


Source : lequotidiendumedecin.fr