Épidémiologie : record inégalé en France pour la cohorte Constances avec plus de 200 000 volontaires

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Publié le 23/05/2019
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Crédit photo : PHANIE

« Objectif atteint : 200 000 », annonce la cohorte Constances à propos du nombre de volontaires l'ayant rejoint depuis 2012. Ce record inégalé hisse ce projet de recherche INSERM* au rang du plus important en France pour l'épidémiologie et la santé publique, et, qui plus est, avec que « peu d'équivalents au niveau international », est-il ajouté dans un communiqué.

À l'occasion de la 6e journée scientifique « Constances et Gazel » le 23 mai à Paris, les chercheurs ont présenté les derniers résultats parmi les 80 projets en cours : stress au travail et risque de mésusage en benzodiazépines, épidémiologie de la NASH en France, utilisation de la cigarette électronique et réduction du tabagisme à long terme, association entre symptômes dépressifs et régimes végétariens.

Les végétariens plus déprimés...  

Chez un peu plus de 90 000 sujets de la cohorte, les chercheurs ont rapporté une association déjà décrite entre les régimes végétariens, – ici pesco-végétariens et lacto-ovo-végétariens – et une plus grande fréquence des symptômes dépressifs, sans qu'il soit possible d'affirmer une relation de cause à effet. À noter que cette association avec la dépression n'est pas présente chez les personnes consommant fréquemment des légumineuses (lentilles, pois chiches, soja, etc) ni chez celles suivant un tel régime « pour leur santé ».

Comme lors de toute exclusion alimentaire

Ces résultats suggèrent davantage que la dépression est associée à une tendance à restreindre la variété des aliments consommés, quels que soient ces aliments, estiment les chercheurs. L'association avec la dépression est en effet observée avec l'exclusion de n'importe quel groupe alimentaire, notamment un régime pauvre en légumes (surrisque de dépression doublé par rapport à un régime pauvre en viande).

Usage chronique élevé de benzodiazépines

Autre résultat obtenu chez plus de 9 000 participants de Constances, la consommation chronique de benzodiazépines est particulièrement élevée, avec une prévalence en 2015 de 2,8 % chez les hommes et de 3,8 % chez les femmes. Le phénomène est plus marqué encore chez les plus de 50 ans, touchant près de 1 participant sur 10 (prévalence de 9,3 % chez les hommes et 12,2 % chez les femmes).

De plus, le stress au travail est bel et bien associé à un risque accru d'usage chronique de benzodiazépines, comme le révèle Constances chez plus de 30 000 actifs sans antécédent d'usage chronique de benzodiazépines avec une probabilité au moins multipliée par 2 chez les sujets les plus stressés.

Le vapotage, des incertitudes sur le sevrage à long terme

À l'aide de marqueurs indirects, les chercheurs ont estimé que la prévalence de stéatose métabolique était de 18,2 % dans la population adulte française avec une maladie hépatique avancée dans 2,6 % des cas. La stéatose métabolique apparaît deux fois plus fréquente chez l'homme.

Concernant la cigarette électronique, les résultats de Constances sont en demi-teinte. Si la cigarette électronique permet aux fumeurs de réduire leur niveau de tabagisme ou d'arrêter de fumer, le sevrage ne semble pas toujours durable. Sur 5 400 fumeurs et 2 025 ex-fumeurs (période 2012-2016), les chercheurs montrent qu'au cours d'un suivi moyen de 2 ans, les utilisateurs de e-cigarette ont davantage réduit leur niveau de tabagisme que les non-utilisateurs (de 4,4 à 2,7 cigarettes/jour).

De plus, 40 % des vapoteurs se sont arrêtés de fumer par rapport à 25 % des fumeurs non-vapoteurs. Le bémol est que les ex-fumeurs qui vapotent se sont révélés plus à risque de reprendre la cigarette que les non-vapoteurs (31 vs 16 %).

Sept ans après son lancement, Constances continue à s'ouvrir à de nouveaux chantiers, notamment la constitution d'une biobanque, le calendrier résidentiel (études sur la pollution, les pesticides, etc.) ou encore l'apport au plan France Médecine Génomique.  

*partenariat avec l'Inserm, la Caisse nationale d'assurance-maladie, la Caisse nationale d'assurance vieillesse et les universités de Versailles-saint-Quentin-en-Yvelines et de Paris-Descartes


Source : lequotidiendumedecin.fr