Infectiologie

Grippe, un effet péjoratif sur l'évolution des cancers du poumon ?

Par
Publié le 13/03/2023
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : SCIENCE SOURCE/PHANIE

À la lecture d'une étude parue le 8 mars dans Cancer immunology research, on est en est droit de s'interroger sur les conséquences d'une infection par la grippe saisonnière sur l'évolution des tumeurs pulmonaires. Car pour les auteurs de ce travail, la conclusion est claire : « le virus de la grippe aggrave la progression du cancer du poumon et la mortalité associée dans un modèle animal ».

Quelles interactions entre virus de la grippe et microenvironnement tumoral ?

Ces travaux réalisés au Centre de Recherche des Cordeliers sur des modèles murins, avaient pour objectif premier de mieux comprendre les interactions entre le virus de la grippe et le microenvironnement tumoral, pour envisager de nouvelles stratégies thérapeutiques contre le cancer du poumon. Il est apparu que l'infection virale engendre des effets à long terme sur le microenvironnement tumoral, en diminuant les réponses immunitaires antitumorales, et en augmentant du même coup la progression tumorale, avec une diminution de la survie des modèles murins. L'équipe de chercheurs a découvert que « le virus peut infecter à la fois les cellules tumorales et immunitaires, entraînant un effet protumoral à long terme chez les souris porteuses de tumeurs », précisent-ils dans leur publication. Ils ont découvert que l'infection avait conduit à l'épuisement des cellules T CD8 + mémoire et avait induit l'expression de PD-L1 sur les cellules tumorales.

L’expression de 3 groupes de gènes modifiée

Par ailleurs, ces chercheurs ont étudié l’expression de l’ensemble des gènes impliqués dans la tumeur et le microenvironnement tumoral. Ils ont comparé deux groupes de modèles animaux, tous souffrant d'un cancer du poumon, mais avec un groupe infecté par le virus de la grippe et l'autre non. Ainsi, il a été démontré que chez les modèles murins, « l'infection par le virus Influenza A modifie l’expression de 3 groupes de gènes particuliers avec pour effet une diminution de la réaction immunitaire antitumorale, une augmentation de la progression de la tumeur, et une modification du métabolisme des molécules utilisées en chimiothérapie, qui pourraient devenir moins efficaces », précise un communiqué (signé Université Paris cité et Sorbonne université) qui résume ces travaux.

En regard à leurs résultats, les auteurs concluent sur l’importance de la vaccination annuelle contre la grippe pour les patients atteints de cancer du poumon et pour leurs proches.


Source : lequotidiendumedecin.fr