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La fièvre des vaccins intranasaux gagne la coqueluche

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Publié le 10/03/2023
Le Lancet rapporte des résultats encourageants d’un essai de phase IIb conduit avec un candidat vaccin anti-coqueluche intranasal. Par rapport aux vaccins utilisés actuellement, cette voie d'administration pourrait permettre de réduire davantage la transmission de la maladie.

Crédit photo : SPL/ PHANIE

La recherche de vaccins muqueux a le vent en poupe. Un essai clinique de phase IIb publié dans le Lancet décrit les performances prometteuses d’un nouveau candidat vaccin français contre la coqueluche à administration intranasale.

« Depuis la fin des années 1990, le vaccin dCaT (vaccin diphtérie, coqueluche acellulaire et tétanos ndlr) est majoritairement utilisé pour lutter contre la coqueluche, mais l’immunité qu’il confère diminue avec le temps, nécessitant des rappels », rappelle l’Inserm dans un communiqué. Surtout, ce vaccin ne permet pas de prévenir l’infection – seulement d’en alléger les symptômes. « Ainsi, malgré les taux élevés de vaccination, les épidémies de coqueluche persistent partout dans le monde », déplore l’institut de recherche.

Des vaccins muqueux contre la transmission des pathogènes respiratoires

Or, les vaccins muqueux sont avancés comme un moyen de lutte contre la transmission des pathogènes respiratoires. Car en générant une réaction immunitaire locale ce type de produits permettrait d’éviter certaines infections des voies aériennes supérieures. Si bien que des vaccins à administration intranasale sont à l’étude contre le Covid-19, et que la HAS recommande pour l’hiver prochain la vaccination antigrippale des enfants par voie intranasale.

Dans ce contexte, des chercheurs de l’Inserm et de l’Institut Pasteur de Lille ont développé un vaccin vivant atténué à administration intranasale contre la coqueluche, appelé BPZE1. Comme le rapporte l’Inserm, après des essais cliniques de phase I encourageants, une équipe internationale coordonnée par les vaccinologues français a lancé (en partenariat avec la société ILiAD Biotechnologies), un essai de phase II. Le but : « vérifier l’immunogénicité et la sécurité de BPZE1 par rapport au vaccin dCaT », expliquent les auteurs de l’étude.

BPZE1 associé à une réaction immunitaire locale

Pour ce faire, 300 adultes de 18 à 50 ans ont été recrutés aux États-Unis. « Dans un premier temps, les participants ont été répartis en 2 groupes : le premier a reçu une dose de BPZE1 par voie nasale et un placebo par voie intramusculaire, le second une injection en intramusculaire du vaccin dCaT et un placebo par voie nasale, explique l’Inserm. Trois mois plus tard, la moitié des participants de chacun des deux groupes s’est vue administrer une dose de BPZE1 (afin de simuler une infection naturelle de manière atténuée), tandis que l’autre moitié a reçu le placebo intranasal. »

Résultat : « BPZE1 a le potentiel pour éviter les infections et in fine, conduire à une réduction de la transmission et à une diminution des cycles épidémiques », analysent les auteurs de l’étude. De fait, alors que le vaccin dCaT n’a induit qu’une réponse immunitaire systémique, le vaccin BPZE1 a aussi provoqué une production significative d’IgA muqueuses spécifiquement dirigées contre Bordetella pertussis.

Au-delà de ces corrélats immunitaires, d’autres signaux d’efficacité se dégagent. « Dans les 28 jours suivant la seconde administration par voie nasale, 90 % des participants ayant initialement reçu BPZE1 ne présentaient aucune colonie bactérienne au niveau nasal », les 10 % restants présentant une colonisation légère, rapporte l’Inserm. Au contraire, « 70 % des patients vaccinés avec dCaT présentaient une colonisation bactérienne nasale importante ».

Un profil de sécurité favorable

Le tout, pour un profil de sécurité favorable, avec une « réactogénicité modérée » et « aucun effet indésirable sérieux associé à la vaccination ».

Reste à confirmer ces résultats en phase III… et à s’assurer de l’efficacité du vaccin en population pédiatrique. « Les participants à cette étude étant tous des adultes de plus de 18 ans, une étude est en cours pour évaluer plus spécifiquement l’efficacité et l’innocuité de BPZE1 chez les enfants en âge d’aller à l’école, lieu critique de transmission de la maladie », indique l’Inserm.


Source : lequotidiendumedecin.fr