Existe-t-il une dysfonction endothéliale dans le Covid long comme cela a été décrit dans la phase aiguë de l'infection à Sars-CoV-2 ? C'est l'hypothèse qu'a testée une équipe AP-HP/Inserm/Université Paris Cité en analysant un panel de marqueurs endothéliaux sanguins chez des patients présentant des troubles respiratoires persistants post-Covid.
L'étude publiée dans « Angiogenesis » montre que le VEGF-A est un facteur prédictif pertinent d'altération de la capacité de diffusion du monoxyde de carbone (DLCO) et de séquelles radiologiques chez les patients présentant des symptômes prolongés à la suite d'un Covid-19.
Le Covid long toucherait une personne sur 10 infectées. Beaucoup d'incertitudes persistent et plusieurs mécanismes sont avancés, dont la persistance virale tissulaire et des troubles de la réponse immunitaire. Le processus de microthrombose décrit au cours de la phase aiguë du Covid a été identifié comme le résultat d'une dysfonction endothéliale liée à l'inflammation ; une angiogenèse pulmonaire et cardiaque a même été observée à l'autopsie de patients ayant eu un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA). Selon les auteurs, « chez les patients ayant un Covid long, une dysfonction endothéliale pourrait contribuer à développer un large spectre de symptômes, dont l'asthénie, la dyspnée et des troubles cognitifs ».
Asthénie, dyspnée d'effort, agueusie, anosmie...
L'équipe coordonnée par le Pr David Smadja a inclus de façon prospective des patients consécutifs venus consulter pour Covid long à l'hôpital européen Georges-Pompidou ayant eu un Covid-19 confirmé par PCR au moins 3 mois avant. Le Covid long était défini par la présence d'un ou plusieurs symptômes pendant au moins deux mois : asthénie, dyspnée d'effort, agueusie, anosmie, fièvre, toux, douleurs thoraciques, myalgies, arthralgies, céphalées, diarrhée, troubles neurocognitifs et nausées. Ces symptômes ne devaient pas être présents avant l'infection.
Entre novembre 2020 et juin 2022, 137 patients ayant une suspicion de Covid long ont été inclus, principalement des hommes (68 %), âgés en médiane de 55 ans. Une évaluation de la fonction pulmonaire et un prélèvement sanguin ont été effectués chez chaque patient. Les biomarqueurs ont été comparés à 20 volontaires sains et à 88 patients hospitalisés pour Covid aigu.
Des taux de VEGF-A au moins doublés
L'étude révèle des biomarqueurs liés à l'angiogenèse et des taux de facteur von Willebrand (VWF) augmentés chez les patients présentant des symptômes persistants par rapport aux volontaires sains sans augmentation des marqueurs de l'inflammation ou d'activation plaquettaire.
De plus, le VEGF-A et le VWF étaient associés à des lésions pulmonaires persistantes au TDM et à une altération de la DLCO. Parmi les biomarqueurs liés à la formation de nouveaux vaisseaux sanguins, « celui qui se retrouve le plus augmenté chez les patients ayant un Covid long est le VEGF-A avec des taux en moyenne plus de deux fois supérieurs par rapport à des volontaires en bonne santé », souligne un communiqué de l'AP-HP.
Le VEGF-A pourrait permettre d'identifier les patients à risque plus élevé de complications à long terme après une infection par le Sars-CoV-2. Et « comprendre ce lien entre les vaisseaux sanguins et les symptômes persistants pourrait ouvrir de nouvelles voies pour la prise en charge des patients atteints de Covid long », lit-on. Alors que des traitements anti-angiogéniques ciblant le VEGF-A existent (cancérologie, ophtalmologie), « ils pourraient faire l'objet d'une étude clinique pour prévenir ou traiter les symptômes respiratoires du Covid long », est-il suggéré.
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