Si les biomédicaments ont véritablement révolutionné la prise en charge des patients souffrant de formes sévères de certaines pathologies inflammatoires rhumatologiques, dermatologiques ou gastro-intestinales, ils présentent des précautions d’emploi et des effets indésirables qui méritent d'être mieux connus et étudiés. Parmi ceux-ci, des équipes hospitalo-universitaires de l'AP-HP et de l’Université Paris-Est Créteil*, se sont intéressées spécifiquement aux réactions dites paradoxales que les chercheurs définissent comme « la survenue au cours d’un traitement par biomédicament d’un état pathologique qui répond habituellement à cette classe de traitement », précise le communiqué de l'AP-HP.
Cette étude de cohorte nommée bioparadox qui a pu être menée en s’appuyant sur « l’Entrepôt de Données de Santé (EDS) de l’AP-HP », a inclus 9 303 patients (âge médian 43 ans, 53,8 % de femmes) suivis pour une maladie chronique inflammatoire. Ces patients débutaient une biothérapie (par anti-TNF alpha, anti-interleukine-12/23, anti-interleukine-17 ou anti-α4ß7-intégrine) pour un psoriasis, un rhumatisme inflammatoire ou une maladie inflammatoire chronique de l'intestin (MICI).
Réaction paradoxale chez plus de 3 % des patients
Les résultats de ce travail publiés dans le British Journal of Dermatology montrent que parmi ces malades sous traitement, « 297 patients (3,2 %) avaient eu une réaction paradoxale, 79 % d’expression cutanée. Le taux d’incidence global était de 7,6 pour 1000 personnes-années ». Les patients atteints de MICI ou d'une association de maladies inflammatoires avaient un risque plus important de présenter une réaction paradoxale à leur traitement.
Les auteurs de ce travail estiment que d’autres recherches doivent être conduites en particulier pour envisager l’adjonction d’un traitement - comme une corticothérapie, concomitant chez les patients considérés comme les plus à risque de développer une réaction paradoxale, dont le mécanisme physiopathologique reste aujourd'hui encore peu connu.
*Etude bioparadox conduite par les équipes de la Fédération Hospitalo-Universitaire TRUE1 (Innovative therapy for immune disorders), du service de dermatologie – centre d’investigation clinique de l’hôpital Henri-Mondor AP-HP, en lien avec l’équipe de recherche universitaire EpiDermE et l’Université Paris-Est Créteil.
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