Infectiologie

Les vaccins contre le VRS dans les starting-blocks

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Publié le 21/02/2023
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De nouveaux essais cliniques parus dans le NEJM font état de résultats encourageants chez le sénior pour deux vaccins expérimentaux contre le VRS, suggérant une mise à disposition relativement proche. D’autres candidats ciblant les femmes enceintes et les jeunes enfants sont aussi en développement.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Alors que le virus respiratoire syncytial (VRS) a beaucoup fait parler de lui cette saison, disposera-t-on bientôt de vaccins ? Deux nouveaux essais cliniques publiés dans le New England Journal of Medicine (NEJM) le 16 février remettent la question sur le devant de la scène.

Le premier concerne un vaccin expérimental à adenovirus développé par Janssen. Baptisé « Ad26.RSV.preF », ce candidat vaccin a été testé dans un essai randomisé de phase 2b conduit chez plus de 5 700 participants de plus de 65 ans. Résultat : après une injection, l’efficacité clinique du vaccin pourrait atteindre 80 % contre les formes les plus graves d’infection à VRS (avec plus de trois symptômes d’infection respiratoire basse) – et 70 % pour des formes un peu plus modérées. Et ce, pour un profil de tolérance favorable, avec principalement des effets indésirables d’intensité légère ou moyenne.

Autre candidat plus avancé qui vient lui aussi de donner lieu à une publication : le vaccin protéique adjuvanté « RSVPreF3 OA » de GlaxoSmithKline (GSK), qui a fait l’objet d’un essai randomisé de phase 3 ayant inclus près de 25 000 participants. La publication du NEJM montre une efficacité allant de 71 % (contre les infections aiguës à VRS) à 82 % (contre les infections respiratoires basses à VRS), voire de 94 % (contre les formes sévères). Là encore, les effets indésirables observés restaient légers à modérés.

Ces publications interviennent alors que mi-janvier, le laboratoire Moderna avait déjà fait part de résultats positifs chez le sujet de plus de 60 ans pour son candidat vaccin à ARNm anti-VRS. Avec selon l'industriel, une efficacité clinique de 84 % contre l’affection des voies respiratoires inférieures liée au VRS.

La perspective d’une vaccination des séniors « assez proche »

Dans ce contexte, peut-on s’attendre à une mise à disposition prochaine de vaccins anti-VRS ?

Comme le rappelle le Pr Daniel Floret, pédiatre et vice-président de la Commission technique des vaccinations de la Haute Autorité de santé (HAS), « la protection vis-à-vis du VRS est considérée comme une priorité en termes de développement de vaccins depuis longtemps ». Cependant, la recherche en la matière, d’abord concentrée sur les nourrissons, s’est heurtée pendant plusieurs années à des obstacles importants. Avec notamment, des réactions paradoxales observées chez certains jeunes enfants et des candidats vaccins pas assez immunogènes pour protéger suffisamment rapidement les nourrissons.

La donne semble en train de changer grâce aux « grands pas marqués sur le plan technologique avec le Covid-19 », analyse le Pr Floret. Avec à la fois des progrès concernant les vaccins à ARNm mais aussi d’autres plateformes vaccinales, comme « les techniques de vaccin à vecteur viral ».

En parallèle, de nouvelles stratégies de vaccination potentielles ont émergé, avec d’autres populations cibles comme les séniors.

Dans cette population, « au regard du niveau de développement bien avancé l’arrivée de vaccins semble assez proche », confirme le Pr Floret, même si des inconnues restent à lever. Par exemple, alors que des vaccins combinés grippe-VRS seraient aussi en développement chez les personnes âgées, la vaccination anti-VRS nécessitera-t-elle des rappels comme la vaccination anti-grippale actuelle ? « Le VRS n’est pas un virus qui mute sans arrêt comme le virus de la grippe », rappelle le Pr Floret.

La protection des plus jeunes toujours en ligne de mire

Au-delà des personnes âgées, la recherche de vaccins permettant de protéger les tout-petits continue. Avec notamment, à l’étude, une stratégie de vaccination des femmes enceintes, qui transmettent leurs anticorps à leur enfant à naître. En novembre dernier, le laboratoire Pfizer a ainsi communiqué des résultats intermédiaires d’essai de phase 3 obtenus avec un candidat à ARNm auprès de 7 400 femmes enceintes. Ces données suggéraient une efficacité de plus de 80 % pour prévenir les épisodes sévères de bronchiolite dans les 90 premiers jours de vie.

Après les séniors, la vaccination anti-VRS pourrait donc devenir effective pour les femmes enceintes, même si des questions se posent là encore, par exemple concernant l’acceptabilité de cette vaccination dans cette population, ou le temps de protection.

Bien qu’elle apparaisse encore peu avancée, la stratégie de vaccination directe des nourrissons ne semble pas totalement abandonnée. Dans son rapport du 9 février le Covars mentionne des essais préliminaires (précliniques ou de phase 1) conduits par Moderna avec un candidat à ARNm.

En attendant, l’espoir repose sur les anticorps monoclonaux anti-VRS et notamment le nirsévimab, qui a obtenu récemment une AMM pour la prévention des infections des voies respiratoires inférieures dues au VRS chez les nouveau-nés et les nourrissons au cours de leur première saison d’exposition au virus.

Ainsi le Pr Floret entrevoit-il à moyen terme l’émergence d’une stratégie combinant vaccination des mères et administration d’anticorps monoclonal aux nourrissons les plus fragiles.


Source : lequotidiendumedecin.fr