Otites moyennes aiguës récidivantes de l'enfant : les yoyos ne feraient pas mieux que l'antibiothérapie seule

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Publié le 17/05/2021
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Pose chirurgicale d'un aérateur transtympanique ou yoyo chez un enfant.

Pose chirurgicale d'un aérateur transtympanique ou yoyo chez un enfant.
Crédit photo : DR P. MARAZZI/SPL/PHANIE

Chez les enfants de moins de 3 ans souffrant d’otites moyennes aiguës à répétition, la pose d’aérateurs transtympaniques – aussi appelé yoyos – ne s’avérerait pas plus efficace contre les récidives qu’un traitement médicamenteux. C’est ce que suggère une étude randomisée publiée jeudi dans le New England Journal of Medicine (NEJM).

Alors que la pose d’aérateurs transtympaniques pour cause d’otites moyennes aiguës récidivantes – définie par au moins trois épisodes d’otite en 6 mois (ou quatre en 12 mois, dont un dans les 6 mois) – constitue l’opération chirurgicale la plus fréquente chez le nourrisson et l'enfant, les essais précédemment conduits au sujet de ce type de dispositifs apparaissent dépassés ou limités. « La plupart [ont été] menés avant l’introduction du vaccin antipneumococcique conjugué » et « ont donné des résultats mitigés, limités tantôt par la petite taille des échantillons, tantôt par le caractère incertain du diagnostic d’otite moyenne à la base de l’éligibilité des participants, de courtes périodes de suivi ou des taux de perdus de vus importants », détaillent en effet les auteurs de l'étude du NEJM. Dans ce contexte, ces chercheurs ont donc proposé de réévaluer la capacité des aérateurs transtympaniques à éviter les récidives d'otites par rapport à un traitement médical simple.

Pour ce faire, les auteurs ont recruté et suivi pendant environ 2 ans un total de 250 enfants âgés de 6 à 35 mois souffrant d’otite moyenne aiguës récidivantes et vaccinés contre le pneumocoque. La moitié a bénéficié d’une pose d’aérateurs transtympaniques et reçu des antibiotiques (ofloxacine pendant 10 jours et amoxicilline-acide clavulanique si persistance de l’otorrhée) en cas de récidive d’otite. L’autre moitié a uniquement reçu une antibiothérapie (amoxicilline-acide clavulanique pendant 10 jours et ceftriaxone si réponse inadéquate au traitement) à chaque épisode d’otite aiguë.

Des taux de récidives similaires avec ou sans yoyo

Résultat : la pose d’aérateurs transtympaniques ne permet pas d’éviter plus de récidives d’otite qu’un traitement antibiotique seul. « Nous n’avons pas trouvé de différence significative entre le groupe aérateurs transtympaniques et le groupe traitement médical dans le taux d’épisodes d’otite aiguë pendant les 2 ans de suivi », rapportent les auteurs de l’étude. De fait, dans chaque bras de l’étude, le nombre moyen d’épisodes d’otite moyenne aiguë par enfant-année a été d’environ 1,5. Les auteurs rapportent de plus n’avoir relevé « aucune différence substantielle » entre les deux bras de l’étude notamment en termes de sévérité des récidives et de qualité de vie des enfants et des parents.

Finalement, la pose de yoyos n’apparaîtrait supérieure au traitement antibiotique seul que dans la mesure où, dans l’étude, le délai médian de survenue de la première récidive d’otite s’avérait plus important dans le bras aérateurs transtympaniques (4 mois environ) que dans l’autre (2 mois environ). Bémol : les enfants porteurs de yoyos ont au contraire présenté plus d’otorrhées que les autres (8 jours par an, contre 3 dans le groupe antibiotiques seuls).

Pas plus de bactéries résistantes en l'absence de yoyo

À noter que la pose de yoyo n’apparaîtrait étonnamment pas non plus particulièrement utile vis-à-vis de la lutte contre l’antibiorésistance.

De fait, si les enfants du bras aérateurs transtympaniques ont consommé un peu d’antibiotiques par voie systémique que les autres (9 jours de traitement par an environ, contre 13 jours dans le bras antibiothérapie seule), les auteurs n’ont à nouveau trouvé « aucune différence significative entre le groupe yoyos et le groupe traitement médical vis-à-vis du pourcentage d'enfants colonisés par un agent pathogène non sensible à la pénicilline ».


Source : lequotidiendumedecin.fr