Un cas de transmission d’une souche multirésistante de VIH rapporté en France

Publié le 12/09/2020

Crédit photo : SPL/PHANIE

Un premier cas de transmission d’une souche de VIH résistante à tous les antirétroviraux classiques a été identifié en France. Cette découverte, décrite dans la revue The Lancet fin août, ne semble pas inquiéter particulièrement l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales. « Il n'y a pas de raisons de penser que cela va se diffuser », a en effet rassuré son directeur, le professeur François Dabis jeudi.

L’événement, découvert en septembre 2019 au CHU de Toulouse, sera cependant surveillé avec « beaucoup d’attention », a assuré François Dabis, qui estime par ailleurs que la France dispose d’un dispositif de veille « très organisé ». Dans cet objectif de surveillance, ce cas aurait été signalé à Santé Publique France ainsi qu’aux laboratoires français et catalans, les patients présentant la souche de VIH multirésistante vivant tous deux en Occitanie, a révélé à l’AFP le professeur Pierre Delobel, chef du service des maladies infectieuses du centre hospitalier et coauteur de l’étude du Lancet.

Un maillon intermédiaire pas encore identifié

Le cas d'infection primaire symptomatique à la souche de VIH-1 multirésistante concerne un Français de 23 ans ayant des rapports sexuels avec des hommes. Cette souche serait apparue chez un homme âgé de 54 ans, séropositif depuis 1995 et présentant une longue histoire d’échec virologique : « [chez ce patient], l'ARN plasmatique du VIH-1 était de 5,5 log 10 copies par mL […] en juillet 2019, et ce malgré un régime de ténofovir, d'emtricitabine et de darunavir boosté par le ritonavir et de dolutégravir », détaille l’étude. D’après cette publication, aucune contamination directe n’a cependant pu être établie entre les deux patients, suggérant l’existence de « liaisons intermédiaires non échantillonnées ». Autrement dit, un « maillon intermédiaire » encore non identifié aurait constitué le vecteur de la transmission de la souche multirésistante, explique Pierre Delobel.

Une prise en charge rendue plus difficile

La prise en charge de tels patients apparaît complexe, la souche qu’ils présentent étant résistante aux inhibiteurs nucléosidiques et non nucléosidiques de la réverse-transcriptase, aux inhibiteurs de protéase et aux inhibiteurs d’intégrase. Si le plus jeune des deux hommes, chez qui la charge virale plasmatique aurait tendance à diminuer, a seulement été placé en surveillance, le patient de 54 ans a été inclus dans un protocole d’essai clinique, indique le Professeur Delobel.

Dans tous les cas, l’émergence de cette souche multirésistante, qui survient après celle d’une souche insensible à 3 classes d’antirétroviraux en 2004 aux États-Unis, rappelle la nécessité de développer de nouvelles classes de médicaments antirétroviraux et des « voies thérapeutiques alternatives » efficaces contre ces souches.

 

Avec AFP

Irène Lacamp

Source : lequotidiendumedecin.fr