L’infection urogénitale par un papillomavirus à haut risque (HPV-HR) chez les hommes détériore le sperme, notamment la qualité des spermatozoïdes, un phénomène susceptible d’altérer leur fertilité. C’est ce que montre une étude, publiée dans Frontiers in Cellular and Infection Microbiology, qui a comparé différents aspects du sperme de patients sains, d’hommes avec un HPV à faible risque (HPV-LR) et d’autres avec un HPV à haut risque (HPV-HR) sur la qualité des spermatozoïdes, le stress oxydatif et l’inflammation.
Sur les 27 échantillons positifs au HPV qu’ils ont pu génotyper (205 patients inclus dont 39 HPV positifs), les chercheurs ont noté une prédominance de HPV-HR, le HPV-16 étant le plus fréquemment retrouvé. Les examens de routine du sperme (volume d’éjaculat, concentration en spermatozoïdes, motilité, morphologie, viabilité) n’ont pas montré de différence de qualité significative entre les échantillons HPV et sains. Mais des analyses plus poussées ont mis en évidence des disparités importantes à plusieurs niveaux.
Les auteurs de l’étude argentine ont analysé les marqueurs d’apoptose et de nécrose des spermatozoïdes. Ils ont mis en évidence un taux bien plus faible des spermatozoïdes en phases apoptotiques précoces et tardives (mécanisme de mort programmée) chez les individus HPV-HR par rapport au groupe HPV-LR et au bras contrôle. À l’inverse, ils retrouvent des taux de marqueurs nécrotiques (mort cellulaire non contrôlée) plus élevés dans le cadre d’une infection à papillomavirus à haut risque.
Plus de stress oxydatif mais moins d’inflammation pour le HPV-HR
Potentiellement à l’origine d’une nécrose accrue des spermatozoïdes : le stress oxydatif. Les hommes avec un HPV-HR avaient une plus forte proportion d’espèces réactives de l’oxygène (ROS) présentes dans le sperme. A été aussi retrouvée une plus haute fréquence de spermatozoïdes ROS + morts pour les génotypes à haut risque (84,63 %) que ceux à bas risque (57,86 %) et les contrôles (50,01 %). L’infection urogénitale par un HPV-HR est donc associée à une hausse de la production de ROS dans le sperme. La cause pourrait être une augmentation du nombre de cellules productrices de ROS ou une augmentation de la quantité de ROS produites par cellule.
Autre observation : pour tous les hommes HPV +, aucune inflammation significative n’a été retrouvée dans les échantillons de sperme. Par ailleurs, résultat inattendu, les marqueurs de l’inflammation (leucocytes, interleukines IL-6 et IL-1β) dans le sperme étaient largement réduits chez les patients infectés par un papillomavirus à haut risque. À l’inverse, le sperme de patients avec un HPV à bas risque présentait un niveau d’IL-1β plus élevé que le groupe contrôle et un taux d’IL-10 plus haut que les hommes HPV-HR.
Les auteurs de l’étude insistent sur l’importance du dépistage du HPV accompagné de son génotypage, dans les cliniques d’urologie et de fertilité, afin de mieux appréhender les effets potentiels du virus sur la santé reproductive, en sus de son risque oncogène.
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