Une bonne hygiène de vie réduit le risque de démence, même avec une prédisposition génétique pour l’Alzheimer

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Publié le 07/06/2024

Avec ou sans prédisposition génétique à la maladie d’Alzheimer, mener un mode de vie sain réduit le risque de neurodégénérescence d’après une nouvelle étude de l’Inserm menée sur 10 ans. Le score cognitif des patients est corrélé à différents facteurs environnementaux et d’hygiène de vie.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Être en bonne santé cardiovasculaire est associé à un plus faible risque de démence, c’est ce que confirme une nouvelle étude française menée par Jeanne Neuffer, épidémiologiste à l’Inserm. Portant sur une cohorte de 5 000 participants de plus de 65 ans, elle met en évidence un lien entre l’hygiène de vie et le risque de maladie d’Alzheimer, indépendamment des prédispositions génétiques.

L’étude utilise le score de santé Libra qui pondère les scores de plusieurs facteurs modifiables ; parmi lesquels l’hygiène de vie (alimentation, consommation d’alcool, tabagisme, activité physique, activités de stimulation cognitive), la santé cardiométabolique, la santé rénale et la dépression. Un score Libra élevé reflète une mauvaise hygiène de vie. Les résultats sont les suivants : sur les 652 (13 %) patients ayant développé une démence au cours des huit années de suivi, l’incidence était de 1,1 pour 100 personnes-années (PA) dans le quartile Libra le plus bas, contre 2,3 dans le quartile le plus haut. L’analyse montre une corrélation linéaire entre l’augmentation du score Libra et le risque de démence, ainsi qu’un déclin cognitif plus précoce et plus intense, évalué avec le Mini-Mental State Examination (MMSE). Cela reflète un lien entre la santé cardiovasculaire et le développement de neurodégénérescence.

Même avec une prédisposition génétique, le risque peut être réduit

Le risque de démence peut être caractérisé par la présence du gène APOE ε4 ou par le Genetic Risk Score (GRS) qui pondère un ensemble d’allèles de prédisposition génétique. Les patients porteurs d’APOE ε4 avaient une distribution uniforme entre les catégories Libra. Bien que l’incidence basale d’apparition de démence soit plus élevée pour ces personnes à risque (2,1 pour 100 PA pour les porteurs d’APOE ε4 contre 1,4 pour les non-porteurs), l’augmentation des valeurs de Libra est corrélée à celle de l’incidence, évaluée à 1,4 pour 100 PA pour les porteurs APOE ε4 avec un Libra bas et à 3,3 pour ceux avec un score Libra élevé, soit plus du double.

La relation entre le Libra et le risque de démence est indépendante du risque génétique : avec ou sans prédisposition, le niveau de risque augmente avec une mauvaise hygiène de vie. Les personnes prédisposées restent sensibles à des actions de prévention.

Un nouvel outil de détection rapide des démences

Des chercheurs américains proposent un nouvel outil de mesure des capacités cognitives, le 5-Cog, couplé à un arbre de décision. Les résultats de leur essai clinique sont publiés dans Nature Medicine. Les méthodes diagnostiques actuelles ne considèrent pas les différences socio-économiques, sont chronophages et nécessitent des équipements spécialisés coûteux, conduisant à un sous-diagnostic des personnes défavorisées. Elles n’apportent pas non plus de recommandations pour le soignant sur les démarches à entreprendre en fonction des résultats.

La méthode 5-Cog a permis une amélioration significative des actions de soin liées au diagnostic et au suivi des déficiences cognitives dans les 90 jours suivant la visite. À savoir : prescriptions de bilans biologiques, d’imagerie ou de traitements, nouveaux tests diagnostiques et orientation vers un spécialiste. L’outil a montré une sensibilité de 96 % dans le bras interventionnel et une spécificité de 71 % pour la détection de déficience cognitive ou de démence par les soignants de première ligne.


Source : lequotidiendumedecin.fr