Bien que les récents progrès en matière de lutte contre le Sida aient surtout été réalisés dans le domaine des traitements, la recherche de vaccins contre le VIH reste d’actualité, même si elle se heurte depuis plusieurs années à divers obstacles scientifiques.
En témoigne l’essai français de phase I que s’apprête à lancer le Vaccine Research Institute(VRI, ANRS-Inserm et Université Paris-Est Créteil). Une campagne de recrutement de 72 volontaires de moins de 65 ans, sans pathologie connue et sans risque accru d’infection par le VIH devrait ainsi débuter lundi, a précisé le centre de recherche.
Une nouvelle technologie…
L’objectif de l’essai est d’évaluer pour la première fois chez l’Homme non seulement la tolérance mais aussi l’immunogénicité de trois doses – de 0.3, 1 puis 3 mg – d'une technologie inédite, encore différente des approches développées pour les vaccins anti-covid-19. Et ce sur un temps relativement long, note le président du VRI, Yves Lévy, 8 visites de suivi des participants échelonnées sur une période de 48 semaines étant pour le moment prévues.
Le principe actif - d'un genre nouveau - de ce candidat baptisé « CD40.HIVRI.Env » consiste en un anticorps monoclonal dirigé contre le récepteur CD40 de la surface des cellules dendritiques et attaché à une protéine antigénique d’enveloppe du virus, explique l’infectiologue Jean-Daniel Lelièvre. Une stratégie qui « permet d’adresser directement l’antigène aux cellules de l’immunité intéressantes et de diminuer la quantité d’antigènes [présente dans le vaccin N.D.L.R.] ».
Ce vaccin devrait par ailleurs être testé en combinaison avec deux autres composants censés augmenter son immunogénicité. Un nouvel adjuvant, nommé poly-ICLC et développé par la société Oncovir, a tout d’abord été sélectionné sur la base de résultats prometteurs d'essais cliniques de phase 1 ou 2 réalisés notamment chez des patients VIH +. « Il s’agit d’un ARN double brin qui permet d’améliorer la fonctionnalité des cellules dendritiques », détaille le Pr Lelièvre. En outre, l’administration du CD40.HIVRI.Env se fera conjointement à celle d’un deuxième candidat vaccin, cette fois à ADN et déjà administré chez l’Homme au cours de 6 études cliniques. « Dans les stratégies de vaccination contre le VIH, il apparaît tout à fait pertinent de coupler deux vaccins entre eux, et notamment un couple vaccin protéique - vaccin à ADN, pour augmenter efficacité », plaide l’infectiologue.
… qui pourrait s’additionner à l’arsenal existant
Fait encourageant : cette stratégie a fourni chez l’animal (notamment chez des primates non humains) des résultats que Jean-Daniel Lelièvre juge « très intéressants » et qui placent d'après lui le vaccin du VRI « en extrêmement bonne position » par rapport à d’autres candidats testés en conditions similaires.
Toutefois, que l’efficacité du CD40.HIVRI.Env se confirme ou non, les autres mesures de prophylaxie ne semblent pas amenées à disparaître : « c’est sans doute la combinaison de différents outils qui permettra de contrôler la diffusion du VIH », prévoit le Pr Lévy.
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