Le Giec a diffusé ce lundi 20 mars 2023 le rapport de synthèse de son cycle de travaux, qui résume les six derniers rapports publiés par l’institution et présente une version actualisée de ce que les 195 pays contributeurs définissent comme le réchauffement climatique.
Ce sur quoi tous s’accordent
Le climat mondial s’est réchauffé de 1,1 °C depuis la fin du XIXe siècle, 42 % des gaz à effet de serre émis depuis 1850 l’ont été depuis 1990. IL est démontré que le réchauffement climatique est déjà là s’accélère. L’Homme est bien le responsable sans équivoque du réchauffement climatique, conséquence des émissions de gaz à effet de serre liés à l’activité humaine. Les impacts du changement climatique sont visibles et plus graves que prévus, « Les pertes et dommages liés au réchauffement climatique font partie de nos vies », a résumé Hoesung Lee, le président du Giec. « Le réchauffement climatique lié aux activités humaines affecte déjà de nombreux extrêmes météorologiques et climatiques dans toutes les régions du monde », notamment les canicules et vagues de chaleur, les sécheresses et les pluies extrêmes. Le niveau des mers a augmenté en moyenne de 20 cm depuis cent ans. Conséquence de l’inertie entropique, ce rythme d’élévation s’accentue et le niveau des mers continuera à augmenter durant des siècles. Les conséquences du réchauffement sont plus graves que ce tout ce qui avait été anticipé. 3,3 à 3,6 milliards de personnes (plus de 40 % de la population mondiale) vivent dans des zones très vulnérables aux changements climatiques. Le réchauffement climatique est une injustice, en effet le réchauffement a un impact majeur dans les pays qui n’y ont que peu contribué.
« Les communautés vulnérables, qui ont historiquement moins contribué au changement climatique actuel, sont disproportionnellement affectées », regrette le Giec, en évoquant le cas des pays en développement et des petites îles des Caraïbes ou du Pacifique Sud. Le Giec rapporte que les pays les moins développés n’émettent que 1,7 tonne de gaz à effet de serre par habitant et par an, 0.9 tonne pour les plus fragiles, quand la moyenne mondiale est à 6,9. Or, comme l’a rappelé Hoesung Lee, les habitants de ces pays, qui sont souvent des zones vulnérables, ont 15 fois plus de chances de mourir du fait d’un évènement climatique extrême que ceux des zones plus préservées pourtant bien plus émettrices (Qatar 30 fois, Etats-Unis 20 fois, Chine 6 fois, France 5 fois). Au rythme actuel, contenir le réchauffement en dessous de 2 °C sera difficile, il est « probable » que les objectifs nationaux de réduction d’émissions de gaz à effet de serre ne suffisent pas à contenir le réchauffement sous la barre des 1,5 °C. Ces objectifs rendent « difficile » un maintien du réchauffement sous la barre des 2 °C. Il « existe des écarts » entre les émissions qui sont liées aux politiques actuellement mises en place et les objectifs d’émissions annoncés. Ces objectifs, déjà insuffisants, ne sont pas tenus. Le Giec note que, si rien ne change, le monde se dirige vers un réchauffement de 3,2 °C en 2100. Pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, l’humanité doit atteindre la neutralité carbone (autant de gaz à effet de serre émis que captés) en 2050. Chaque fraction de degré compte, les seuils ne sont pas les seules variables à prendre en compte ou à viser car pour limiter les risques futurs, chaque dixième de degré compte. « Les risques, impacts négatifs, pertes et dommages liés au réchauffement climatique s’intensifient avec chaque fraction de réchauffement supplémentaire », indique le Giec. Entre ces seuils de 1,5 et 2 °C, il y a toute une palette de futurs possibles. Tous plus ou moins indésirables. Le monde n’est pas encore prêt à affronter le réchauffement climatique Certes, la conception et l’implantation de plan d’adaptation « progressent » et ce, « dans tous les secteurs et dans toutes les régions ». Mais il existe des « écarts » importants. Ainsi, si certains pays ont bien avancé, d’autres n’ont pas pu le faire, « des limites à l’adaptation » ayant été atteintes dans certains écosystèmes ou secteurs géographiques. Le GIEC regrette une « maladaptation » (changement qui accroît la vulnérabilité d’une population au lieu de la diminuer) de plus en plus prégnante. Les mesures qui peuvent être mises en place actuellement seront « moins efficaces » quand le climat se sera davantage réchauffé. « Nous devons passer de la procrastination climatique à l’action climatique », a indiqué la représentante du programme de l’ONU pour l’environnement. Le temps presse, il ne reste plus, en ce mois de mars 2023, que très peu de temps à l’humanité pour agir de manière significative. « La fenêtre d’opportunités » qui doit nous permettre de « sécuriser un futur vivable et soutenable pour tous » se referme « rapidement ». Le Giec explique que, pour maintenir le réchauffement sous la barre des 1,5 °C, le pic mondial d’émissions de gaz à effet de serre doit être atteint… en 2025. « Les actions mises en œuvre durant cette décennie auront des impacts pendant des milliers d’années. » Une action massive est nécessaire. Le rapport rappelle l’ampleur de la tâche à laquelle doivent désormais s’atteler les citoyens et pays du monde entier. En évoquant les actions actuellement menées, Hoesung Lee, indiqué que « nous marchons alors que nous devrions courir » . Pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, la baisse des émissions mondiales de gaz à effet de serre qui doit être observée entre 2019 et 2030 est en effet de l’ordre de 43 %. D’ici à 2050, la baisse doit être de 84 %. Pour limiter le réchauffement à 2 °C, la baisse est mécaniquement moins marquée, tout en restant importante (-21 % d’ici 2030, -64 % d’ici 2050). « Le changement systémique nécessaire pour parvenir à des réductions rapides et profondes des émissions est sans précédent en termes d’échelle » assène le GIEC.
Et Jean Monnet dans tout cela
Le père cofondateur de l’Europe, banquier de son état avait en son temps avancé un aphorisme demeuré célèbre et hélas souvent vérifié : « Les Hommes ne concèdent le changement que dans la nécessité et la nécessité que dans la crise. Souvent il est trop tard. » C’est dans la nature humaine de demander un délai à son bourreau. Les Hommes ont la mémoire défaillante et bien du mal à s’aider de celle des anciens. Confucius déjà en 55 avant J-C prophétisait : « L’expérience est une lanterne que l’Homme porte accroché dans son dos et qui n’éclaire que le chemin parcouru. »
S’agissant du réchauffement climatique – traduisez la survie de l’Humanité, on peut quand même être pessimiste. Notre (très) médiatique leader Maximo, Jancovici, grand gourou, Skippy pour ces afficionados, voient le futur se régler simplement par la faim, la maladie ou la guerre voire les trois sinon par des politiques contraignantes bien éloignées du concept de démocratie. Le rayonnant polytechnique coureur de plateaux n’a peut-être par entièrement tort, hélas. Les membres du GIEC contraints qu’ils sont par la nature même de leur structure se doivent d’être diplomates donc prudents, donc politiquement corrects, donc officiellement un peu optimistes.
Don’t look up
Le film dont c’est le titre, relate la collision d’un astéroïde massif aux conséquences définitives pour la terre et ses habitants mais constitué de diamants et autres biens précieux. Avant de tous mourir, les élites n’auront de cesse que de s’accaparer lesdites richesses. In fine pour rien. L’équation est donc la suivante : comment, dans un temps court et contraint, mettre d’accord des pays et des commerçants - dont le seul but est la compétition économique et la captation personnelle de richesses à court terme et où la réponse à ladite compétition fut de tous temps la guerre et la colonisation sous différentes formes. Vous avez quatre heures.
Fait lux
Heureusement, Merci mon Dieu, la lumière est venue de la France. La ministre de la Transition écologique a publié un texte qui demeurera dans l’Histoire des Hommes. Le voici. « Je salue le rapport du GIEC qui rappelle l’extrême urgence à réduire nos émissions si nous voulons éviter de dépasser un réchauffement de 1,5 degré et les risques climatiques qui y sont associés. C’est tout le sens de l’action que je mène tant au niveau national avec deux lois sur l'accélération des renouvelables et sur la relance du nucléaire, qu’au niveau européen avec la réduction de 55% des émissions européennes d'ici 2030 actée en juin dernier sous présidence française. Nous devons aller plus loin au niveau international, notamment en accélérant la sortie des énergies fossiles lors de la prochaine COP28. »
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