Trouver et partager les moyens de réduire les risques qui pèsent sur la santé des femmes dans le monde, telle était la préoccupation au cœur du 24e congrès de la Fédération internationale de gynécologie et d'obstétrique (Figo) qui s'est tenu à Paris du 9 au 12 octobre. L'alliance mondiale de plus de 130 sociétés nationales d'obstétrique et de gynécologie a pour mission d'améliorer la santé et le bien-être des femmes et des jeunes filles, mais aussi de réduire les disparités en matière de soins de santé.
Invité d’honneur, le Dr Denis Mukwege, gynécologue congolais et lauréat du prix Nobel de la paix en 2018, a présenté son initiative « Red line » en faveur de l'interdiction du viol comme arme de guerre. Surnommé « l’homme qui répare les femmes », les ravages de la guerre ont changé sa vie. « Il a mis en œuvre ses compétences pour réparer les femmes battues, violées à plusieurs reprises, torturées et mutilées parce qu'elles avaient été utilisées comme armes de guerre », a rappelé en conférence de presse la Dr Jeanne Conry (Oakland, États-Unis), présidente de la Figo.
880 femmes meurent chaque jour de complications obstétricales
De nouveaux chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) viennent de montrer qu’environ 300 000 femmes sont décédées pendant ou après la grossesse et l’accouchement en 2020. Un décès maternel s’est produit presque toutes les deux minutes.
« 880 femmes sont mortes de causes évitables liées à la grossesse et à l’accouchement et près de 95 % des décès maternels sont survenus dans des pays à revenu faible ou moyen inférieur », a rapporté le Pr Bo Jacobsson (Göteborg, Suède). « Les principales complications responsables de la plupart des décès maternels sont l’hémorragie post-partum, l’infection, la septicémie, la prééclampsie ou l’éclampsie et les avortements pratiqués dans de mauvaises conditions de sécurité. »
Pour éviter la mortalité maternelle, il est essentiel de prévenir les grossesses non désirées. La liberté de choix en matière de procréation est un principe fondamental.
Les disparités en matière d’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) au niveau mondial sont importantes. La Dr Ivonne Diaz Yamal (Bogota, Colombie) a souligné que les obstacles à l’accès à l’avortement sont d’ordre politique, économique et souvent religieux, dans les pays musulmans. « Seules 40 % des femmes ont la possibilité d’accéder à un avortement sûr parce que leur religion est très stricte », a-t-elle développé.
La Figo s’efforce de contribuer à la réduction de la mortalité maternelle en augmentant les données de la recherche, en fournissant des conseils cliniques, en établissant des normes mondiales et en apportant un soutien technique aux sociétés membres pour l’élaboration et la mise en œuvre de politiques et de programmes efficaces.
Le programme Born Too Soon
Les naissances prématurées sont la principale cause de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans, représentant plus d’un décès néonatal sur trois. On estime que près d’un million de nouveau-nés mourront des suites de complications liées à une naissance prématurée soit un bébé toutes les 40 secondes. Des millions d’autres survivent avec des handicaps.
En mai 2023, un nouveau rapport « Né trop tôt : rapport sur la décennie d’action » a été réalisé par l’OMS, l’Unicef, l’UNFPA, le PMNCH et la Figo. Quarante-cinq pays sont représentés et les nouvelles estimations concernant les accouchements prématurés sont dévoilées. Le taux d’accouchement prématuré le plus élevé au monde se trouve actuellement au Bangladesh où environ 16 % des naissances sont prématurées, mais le pays qui en compte le plus compte tenu de sa taille est l’Inde : plus de 3 millions d’enfants naissent prématurément chaque année.
La prévention des naissances prématurées passe par les soins préconceptionnels, y compris le planning familial. Le rapport évoque aussi les actions dans la nutrition et l’éducation des filles. Enfin, il souligne qu’il est important que les femmes présentant une menace d’accouchement prématuré puissent se voir proposer une corticothérapie anténatale où qu’elles se trouvent dans le monde.
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