Les pays européens qui ont réduit leur consommation d’antibiotiques chez les humains et les animaux élevés pour l'alimentation voient l’antibiorésistance reculer. C’est notamment le cas pour Escherichia coli (E. coli) dont la résistance reflue en corrélation avec la baisse de la consommation d’antibiotiques.
Ce constat est tiré du 4e rapport conjoint du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et de l’Agence européenne des médicaments (EMA), publié le 21 février, à partir de données collectées sur la période de 2019 à 2021.
L’analyse confirme un lien entre le recours aux antimicrobiens et l'apparition de résistance bactérienne. « Chez l'homme, des associations positives ont été trouvées entre le niveau de consommation des carbapénèmes, céphalosporines et (fluoro)quinolones de 3e et 4e générations et une résistance à E. coli provenant d’infections humaines invasives », est-il relevé. Même tendance observée chez les animaux destinés à l'alimentation : des associations positives ont été mises en évidence entre les niveaux de consommation de (fluoro)quinolones, de polymyxines, d’aminopénicillines et de tétracyclines et le développement d’une résistance d’E. coli.
D’autres associations sont établies : chez les volailles, avec un usage des (fluoro)quinolones et la résistance à ce groupe d'antimicrobiens chez Campylobacter jejuni ou chez le porc, avec l’utilisation des (fluoro)quinolones et des macrolides positivement associés à une résistance de ces groupes respectifs chez Campylobacter coli.
Antibiorésistance croisée
Dans certains cas, l’antibiorésistance des bactéries humaines « était également liée à l’antibiorésistance des bactéries provenant d’animaux producteurs de denrées alimentaires, (…) notamment pour les combinaisons impliquant des bactéries zoonotiques d'origine alimentaire tels que Campylobacter jejuni et les (fluoro)quinolones et pour Campylobacter coli et macrolides », lit-on.
Globalement, chez les animaux destinés à l'alimentation, des réductions statistiquement significatives de la consommation de céphalosporines de 3e et 4e générations, de quinolones, de polymyxines, d’aminopénicillines et de tétracyclines ont été enregistrées entre 2014 et 2021 dans au moins un quart des pays analysés. « Dans la plupart de ces pays, cela s’est accompagné d’une tendance à la réduction de la résistance antimicrobienne d’E. coli dans des échantillons intestinaux d’animaux ».
Sur la période, deux tiers des pays de l’analyse ont réduit leur consommation de quinolones et d’aminopénicillines, et pour au moins un quart de ces pays, cette baisse était associée à une baisse de la résistance de ces antimicrobiens face à E. coli chez l’humain.
Objectif d’ici à 2030 : réduire de 20 % la consommation humaine d’antibiotiques
Ces résultats signifient que « les efforts nationaux fonctionnent, souligne Bernhard Url, directeur exécutif de l'EFSA. Utiliser moins d’antibiotiques dans l’élevage s’avère payant : dans la plupart des pays qui ont réduit l’utilisation des antibiotiques, nous avons observé une diminution correspondante des niveaux de résistance. »
Les trois agences invitent à poursuivre l’effort collectif. L’ambition est d’atteindre, d'ici à 2030, une réduction de 20 % de la consommation chez les humains (par rapport au niveau de 2019) et une réduction de 50 % chez les animaux producteurs de denrées alimentaires (également par rapport à 2019).
« Il est crucial de se concentrer davantage sur les mesures préventives et le contrôle des infections pour réduire le besoin de traitements antimicrobiens et prévenir la propagation de l’antibiorésistance », encouragent les instances.
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