Le nombre de cas d’infection par le parvovirus B19 (B19V) reflue depuis avril. L’épidémie, inhabituelle par son ampleur et sa durée, « semble avoir atteint son pic en mars 2024 », indique Santé publique France (SPF) dans un point épidémiologique publié ce 28 juin.
Alors que cinq décès avaient été enregistrés chez des nouveau-nés dans les premiers mois de 2024, aucun n’a été recensé en avril et en mai, poursuit SPF. L’agence sanitaire appelle à maintenir la vigilance chez l’enfant immunodéprimé/drépanocytaire et chez la femme enceinte, cette maladie éruptive pouvant avoir des conséquences sévères dans certaines populations.
Une épidémie démarrée en avril 2023
Le premier signal de cette épidémie a été donné par le service de pédiatrie générale et maladies infectieuses du CHU Necker. Entre avril et juillet 2023, 37 cas d’infections par B19V y avaient été hospitalisés dont 57 % d’enfants atteints de drépanocytose et 14 % ayant nécessité une hospitalisation en service de réanimation. Un deuxième signal est intervenu en octobre via des signalements spontanés d’urgentistes.
En novembre, alors que SPF mettait en place une surveillance, l’incidence était en hausse dans toutes les catégories de la population. Toutes les régions ont été touchées « avec un début et une ampleur variables ». Chez les enfants, l’incidence a été proche de 100 cas en semaine 11 (10 au 16 mars 2024), « nettement supérieure à celle des quatre saisons précédentes », détaille SPF. Une augmentation des infections materno-fœtales en 2023 et 2024 a également été relevée par les laboratoires de virologie hospitaliers. Les données, également publiées dans Eurosurveillance, font depuis apparaître un recul des cas. « Les prochaines semaines permettront de confirmer la décroissance et la fin de la vague épidémique », précise, prudente, l’agence sanitaire.
Des décès en hausse
D’autres pays ont décrit un changement dans leur épidémiologie du B19V, et notamment le Danemark, l'Irlande, les Pays-Bas ou la Norvège. En France, le nombre de décès moyen lié à une infection par B19V a doublé, de 1,8 décès/an en période prépandémique (majoritairement chez des adultes) à 3,5/an sur la période 2020-2023.
Si ce nombre reste faible, « il est à surveiller, car il a augmenté de façon notable depuis 2022 », insiste SPF. Trois décès ont été enregistrés en 2022, six en 2023. En 2024 (jusqu’au 31 mai), « cinq décès ont été identifiés, tous concernant des enfants », souligne SPF. Pour quatre d’entre eux, le décès est survenu dans les tout premiers jours de vie en lien avec une infection materno-fœtale. Pour le cinquième décès (âgé de 8 mois), « il n’existait pas de comorbidité ni d’immunodépression », est-il ajouté.
« Les raisons de cette épidémie ne sont pas clairement établies », poursuit SPF, qui évoque l’hypothèse d’une « dette immunitaire » liée aux mesures sanitaires liées à la pandémie de Covid. « Cela a été démontré pour d’autres pathogènes tels que Streptococcus pyogenes ou Mycoplasma pneumonia », lit-on dans Eurosurveillance.
Maintenir la vigilance
Si la baisse récente de l’incidence est un « élément rassurant », SPF invite à maintenir la vigilance sur les risques particuliers chez l'enfant immunodéprimé/drépanocytaire et chez la femme enceinte. « Une diminution des mouvements actifs fœtaux doit conduire à rapidement consulter un service spécialisé », est-il rappelé. Aussi, dans le contexte épidémique actuel, « une infection par B19V peut être évoquée devant un cas de rougeole non confirmé par les examens biologiques ». Un nouveau bulletin épidémiologique sera publié « après l’été ».
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