Remise à plat de l'organisation des soins

Buzyn ne veut pas « crisper » la profession

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Publié le 24/01/2019
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Lors de ses vœux à la presse, mardi, la ministre de la Santé est largement revenue sur Ma santé 2022, un plan « pensé » pour lutter contre les multiples inégalités d'accès aux soins.

Alors que les Français considèrent la santé « comme un service qui leur est dû […],  les professionnels ne vivent pas forcément leur exercice libéral comme un service public », a analysé Agnès Buzyn. « Il faut trouver la ligne de crête sans crisper les professionnels qui doivent avoir un espace de liberté, a-t-elle assuré. Ma stratégie, c'est d'y répondre par la transformation du système de santé ».

Dans ce contexte, comment ne pas avoir recours à la coercition à l'installation, comme le prône Guillaume Garot, député socialiste qui défend dans sa proposition de loi sur la désertification médicale un conventionnement territorial sélectif ? La ministre de la Santé a été claire : hors de question de soutenir des mesures de régulation à l'installation des libéraux, jugées « simplistes » voire « discriminantes » pour les jeunes médecins par rapport aux professionnels « seniors ». « La coercition a été un échec dans tous les pays où elle a été instaurée, comme en Allemagne ou au Canada ! On a vidé les villes pour pousser les médecins en grande banlieue mais pas dans la ruralité », a-t-elle plaidé. 

Agnès Buzyn l'a rappelé : ce qu'elle veut pour les médecins, c'est « un cadre d'exercice agréable ».

Le développement des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), réforme « essentielle » pour renforcer l'organisation et l'accès à des soins de proximité (dont l'accès au médecin traitant ou la prise en charge des soins non programmés), contribuera à ce bien-être. « Ce ne sera pas une obligation mais l'exercice coordonné est dans l'ère du temps », a martelé la ministre.

Agnès Buzyn mise aussi sur le déploiement « dans les prochains mois » de 400 médecins à exercice partagé ville/hôpital ou salarié dans les zones les plus fragiles, mesure d'urgence du plan Ma santé 2022. L'ouverture ce jeudi de négociations conventionnelles sur les assistants médicaux est un autre levier d'action pour offrir aux professionnels plus de temps médical – et se prémunir du burn-out.

 

Le grand débat considéré

Interrogée sur le déploiement de la téléconsultation, la locataire de Ségur est restée ferme. « La téléconsultation doit faciliter l'accès à un médecin traitant. Nous n'avons pas l'intention que le remboursement soit ouvert à des sociétés à but lucratif ». Agnès Buzyn a toutefois reconnu que le gouvernement ne dispose pas pour autant de moyens pour « réguler » cette offre privée par la loi.

Et l'absence de la santé des thématiques du grand débat national lancé par le gouvernement ? La Fédération hospitalière de France (FHF), des syndicats médicaux (REAGJIR, SML) et des maires s'en sont récemment émus. Certes, la question est évoquée « en filigrane », a admis Agnès Buzyn, mais elle ne sera pas négligée pour autant. La ministre l'a promis : elle intégrera « les conclusions » du grand débat, « qu'elles renvoient aux nouvelles attentes et aux besoins de résultats en matière d'accès aux soins [...] ou de réaffirmation de notre ambition dans l'édification de l'État-providence » 

Loan Tranthimy

Source : Le Quotidien du médecin: 9718