Canicule : des lacunes dans la gestion du risque sanitaire

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Publié le 29/03/2024
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En France, la gestion du risque sanitaire liée aux vagues de chaleur demeure inadaptée, déplore la Cour des comptes dans son rapport annuel.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Alors que les prévisions climatiques des vingt prochaines années prévoient une forte augmentation des vagues de chaleur en France, la Cour des comptes tire la sonnette d’alarme. En France, « le risque sanitaire est toujours insuffisamment maîtrisé [et] l’impact sanitaire est trop souvent mesuré via les seules données de mortalité, et trop peu sous l’angle de leurs conséquences, à long terme, sur la santé », lit-on dans le dernier rapport annuel. Dans les Ehpad, ces épisodes de canicules ont provoqué une augmentation des décès de 4 % des résidents, amplifiée de 18 % lorsqu’ils sont supérieurs à sept jours.

La Cour a aussi observé une augmentation du recours des soins avec une hausse de la fréquentation des urgences de 5 à 10 % lorsque des vagues de chaleur durent plus de trois jours. Durant l’été 2022, le nombre de passages aux urgences dus à la température extérieure a été estimé à 200 000, ce qui représente 3,4 % d’augmentation et un coût supplémentaire pour l’assurance-maladie évalué à 54 millions d’euros.

Pas d’accoutumance

Par ailleurs, au début de ces épisodes, le nombre de consultations de médecine générale augmente chez les personnes âgées tout comme celui des jeunes enfants.

Est également constatée une mortalité nettement plus forte en été dans les pays proches de la Méditerranée, ce qui démonte l’idée reçue de « l’accoutumance culturelle et physiologique » des pays et populations du sud de l’Europe aux vagues de chaleur.

Face à ce constat, la Cour des comptes appelle à renforcer l’action publique et préconise de construire, en complément des études épidémiologiques existantes, un socle de connaissances scientifiques sur les effets des vagues de chaleur. « Le développement d’une recherche clinique à partir de l’examen des dossiers de patients est nécessaire », recommandent les hauts magistrats.

Aude Frapin

Source : Le Quotidien du Médecin