Engagée de longue date pour une moindre exposition de la population aux produits phytosanitaires, l'association Alerte des médecins sur les pesticides (AMLP) invite les pouvoirs publics à passer la vitesse supérieure en interdisant « l’utilisation des molécules les plus dangereuses ».
S'appuyant avec plusieurs autres associations (Générations futures, Alerte aux toxiques, France nature environnement...) sur les résultats d'analyses menées en 2019 en Nouvelle-Aquitaine, l'AMLP observe que si les valeurs relevées étaient plus basses que l'année précédente (du fait notamment de conditions météorologiques favorables), « les pratiques agronomiques n'ont guère changé ».
Les populations des départements de la Gironde, de Charente, du Lot-et-Garonne et de Charente-Maritime sont ainsi toujours particulièrement exposés à des produits nocifs. Parmi les molécules les plus quantifiées, les associations ont ainsi relevé la présence de produits cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) et des perturbateurs endocriniens dans l’air, du folpel (classé CMR) à 10 km des premières vignes de Bordeaux, des molécules non recherchées comme le glyphosate, ou le mancozebe et le captane en région viticole et arboricole.
Nécessaire transition vers l'agriculture bio
« Une part importante de la population reste exposée, même à distance des zones d'épandage, à des concentrations notables de pesticides dans l'air », observe l'AMLP présidée par le Dr Pierre-Michel Périnaud, qui avait récemment contesté la nouvelle législation sur les distances d'épandage jugées trop faibles. Estimant que les critères actuels retenus par l'Anses sont insuffisants pour mesurer le danger lié aux pesticides, l'AMLP demande aux pouvoirs publics d'agir : « Diminuer l’exposition de la population est une nécessité absolue. Cela nécessite d’interdire à court terme l’utilisation des molécules les plus dangereuses. » Les associations engagées dans ce combat souhaitent que le gouvernement s’oppose au renouvellement d’autorisation des perturbateurs endocriniens ne possédant pas tous les critères exigés par le règlement actuel. Elles réclament par ailleurs des mesures régionales pour favoriser une transition massive vers l’agriculture biologique, « seule garante », selon elles, d’une diminution significative de l’exposition des populations.
La priorité étant d'intervenir en priorité dans les zones où sont situées des écoles à proximité des zones d'épandage. « Nous faisons face à certaines résistances du monde agricole ou viticole alors que l'une des portes de sortie de ces secteurs est l'excellence », clame le Dr Périnaud. Le médecin généraliste de Limoges veut croire que l'élection d'un maire écologiste à Bordeaux, Pierre Hurmic, permettra de faire bouger les lignes.
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