Etude Epi-Phare : hausse des délivrances de médicaments à visée cardio-métabolique, la sédentarité liée aux restrictions incriminée

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Publié le 28/05/2021
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Au-delà de l'impact des reports de soins et des conséquences psychologiques des restrictions, la pandémie commence à peser sur la santé des Français via les modifications des modes de vies qu'elle a entraînés. C’est ce que suggère le groupement d’intérêt scientifique (GIS) EPI-PHARE qui a publié hier son 6ème rapport de suivi de la consommation des médicaments sur ordonnances délivrés en ville en temps de pandémie. 

Selon ce travail qui a analysé 4 milliards de lignes de prescriptions enregistrées entre le début du confinement de 2020 et le 25 avril 2021, depuis le début de l'année, « les instaurations de traitements contre le diabète et les troubles cardiovasculaires sont en augmentation ». Entre janvier et avril 2021, une hausse marquée des délivrances d’antidiabétiques (+ 11 %) d’anti-hypertenseurs (+ 15 %) et surtout de statines (+ 24 %) a en effet été notée chez des patients non traités auparavant.

Pour les auteurs, ce phénomène ne serait pas lié à un rattrapage des prescriptions (après une forte baisse l’année dernière) mais plutôt aux « effets délétères sur la santé de la baisse contrainte de l’activité physique imposée par la succession des différentes mesures de restrictions ». Autrement dit, cette hausse des prescriptions chez de nouveaux malades constituerait un signe avant-coureur des conséquences sanitaires de l’augmentation de la sédentarité enregistrée depuis le printemps 2020 et l’instauration de mesures de freinage.

Le retard diagnostic pris l’année dernière toujours pas comblé

Par ailleurs, l’évolution de la consommation de produits destinés aux actes d’imagerie (coloscopie, IRM, scanner) montre que les retards de diagnostic pris l’année dernière au moment du confinement ne sont toujours pas rattrapés. Certes, la délivrance et l’utilisation de ce genre de médicaments sont en hausse depuis « l’effondrement » enregistré pendant la première vague, mas cette augmentation n’apparaît pas suffisante pour combler les retards accumulés l’an dernier. Par exemple, si, pour les préparations pour coloscopie, on comptabilise un déficit de l’ordre de 206 000 (-17 %) sur l’année 2020, seul un excès de délivrances de 19 000 produits de ce type a été relevé entre janvier et avril de cette année.

Plus de neuroleptiques, moins de vaccins

Au-delà de ces nouvelles données plutôt inquiétantes, le rapport confirme des tendances déjà décrites antérieurement.

Ainsi, la consommation de neuroleptiques, en augmentation depuis le printemps dernier, continue de s’accroître. « L’usage de médicaments anxiolytiques, hypnotiques mais aussi plus récemment antidépresseurs ne cesse d’augmenter », s’alarment les auteurs. De fait, en 2021, les délivrances de ces trois types de médicaments ont augmenté de 5 à 13 %, selon les spécialités. Même les délivrances de médicaments de la dépendance à l’alcool, pourtant stable en 2020 enregistrent une « hausse marquée ». Une dynamique inquiétante qui, pour le GIS-EPIPHARE, révèle, « l’impact psychologique majeur de l’épidémie de Covid-19 sur la population et de ses conséquences sociales, professionnelles et économiques ».

De plus, les auteurs, qui signalaient déjà en fin d’année dernière un « fort déficit » de vaccination, répètent ce constat pour le début de l’année 2021, dans un contexte pourtant marqué par une forte demande de vaccins anti-covid-19. « Les moins de 18 ans [restent] insuffisamment vaccinés » contre les autres maladies, insistent-ils. Premiers vaccins concernés : les vaccins penta/hexavalents pour les nourrissons et le vaccin ROR. De fait, un solde négatif de respectivement, plus de 28 000 et 96 000 délivrances en moins par rapport à l’attendu a été enregistré entre janvier et avril. La vaccination anti-HPV, diminuée d’un tiers en 2020, a également continué de reculer chez les filles, atteignant -103 000 doses (-27 %) début 2021.

Baisse « spectaculaire » des prescriptions d’antibiotiques

Dans ce tableau plutôt noir, le GIS EPI-PHARE note tout de même un point positif. En lien avec la distanciation sociale et la diminution de la circulation des agents infectieux, « la baisse spectaculaire de la prescription de l’antibiothérapie s’est poursuivie en 2021 », s’enthousiasme-t-il, rapportant le chiffre de près de 5 millions de traitements évités au cours des 4 premiers mois de l’année.


Source : lequotidiendumedecin.fr