Face à « l'État et ses énarques », « les Gilets blancs pourraient bien remplacer les Gilets jaunes », augure le Dr Jean-Paul Ortiz (CSMF)

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Publié le 16/01/2019
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Crédit photo : S. Toubon

La CSMF bientôt ralliée à la cause des Gilets jaunes ? Lors de ses vœux à la presse pour 2019, le président de la CSMF, le Dr Jean-Paul Ortiz, a joué la carte de la médecine de proximité et a appelé à « de vraies réformes », tout en rejetant les façons de faire de la classe politique.

Pour le chef de file de la confédération, le mouvement des Gilets jaunes est le signe d'un « dysfonctionnement majeur de notre démocratie ». Le néphrologue a fustigé pêle-mêle « la négligence, voire le mépris des responsables politiques au plus haut niveau vis-à-vis des corps intermédiaires », l'absence de prise de prise en compte de la parole syndicale « par les énarques qui nous gouvernent » et « le dogmatisme, la surdité, voire la corruption » de certains politiques. 

« Si [la] volonté [des médecins] se heurte aux visions étatiques et bureaucratiques habituelles, les Gilets blancs pourraient remplacer les Gilets jaunes car le système de santé va mal et les Français le savent bien ! », a-t-il prophétisé. 

Aux « négos », pas de pistolet sur la tempe

Pour y remédier, le Dr Ortiz défend « une vraie place aux syndicats médicaux » afin de répondre aux besoins de la population au plus près de son lieu de vie. Et pour y arriver, il faut accepter la négociation avec les syndicats médicaux « et sortir d'une pseudo-concertation où les services de l'État, les technocrates décident seuls ». Au passage, le néphrologue de Cabestany en profite pour demander que l'attribution des fonds conventionnels soit déconnectée de la signature de la convention « pour ne pas négocier le pistolet sur la tempe ». À quelques heures de l'ouverture des négociations conventionnelles sur les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), reste à voir si Nicolas Revel, le directeur général de l'Assurance-maladie (CNAM), est partant.

Sur ces négociations interprofessionnelles justement, le leader syndical pose ses conditions : définir l'objectif poursuivi par ces CPTS, ne pas être enfermé dans un carcan bureaucratique et administratif… en taclant à nouveau au passage « le rêve de nos énarques » de vouloir implanter 1 000 communautés d'ici à 2022. Le Dr Ortiz préfère parler de « regroupements » à l'initiative des territoires, soutenus sur la base d'un contrat entre professionnels de santé et financeurs, que ce soit au niveau régional avec l'ARS via le fonds d'intervention régional, ou national avec la CNAM et un financement issu de l'accord-cadre interprofessionnel (ACI) qu'il reste à négocier.

Les discussions sur les assistants médicaux – qui s'ouvriront la semaine prochaine à l'Assurance-maladie – laissent dubitative la CSMF (qui revendique la paternité de cette « nouvelle fonction »). Au-delà de la négociation sur l'accompagnement financier pour aider à la création de ces assistants pour les médecins généralistes et les autres spécialités, « il ne faut pas oublier la négociation de branche concernant la convention collective des personnels des cabinets médicaux », souligne le Dr Ortiz. Il demande par ailleurs que chaque médecin ait un assistant (et non un assistant pour trois médecins).

Enfin le projet de loi de santé, dont la longueur (23 articles) a été soulignée par le président de la Conf', inquiète aussi. Au-delà des mesures sur la suppression de la PACES et les statuts mixtes, salués, c'est la méthode qui préoccupe. « La mise en place d'ordonnances ouvre la voie au meilleur comme au pire, estime le Dr Ortiz. Le pire, c'est la concertation de façade, bâclée, où au final l'État et ses énarques [encore eux, NDLR] décident tous seuls. »

 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr