Impacts sanitaires du changement climatique : le « Lancet Countdown » alerte de nouveau sur l’urgence d’agir

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Publié le 26/10/2022

Crédit photo : AFP

Une nouvelle fois, le rapport annuel des experts internationaux réunis par « The Lancet » sur les impacts sanitaires du changement climatique est alarmant. Pour cette 7e édition du « Lancet Countdown », publiée ce 26 octobre à quelques jours du lancement de la COP 27 à Charm el-Cheikh (Égypte), la centaine de rédacteurs, issus de 51 institutions dont l'Organisation mondiale de la santé (OMS), insiste sur la dépendance mondiale aux énergies fossiles, cause du dérèglement climatique et d’une « augmentation rapide » d’effets délétères sur la santé désormais « bien documentés », a souligné la Dr Marina Romanello, directrice exécutive du projet à l’University College de Londres, lors d’un point presse.

« La crise climatique nous tue », a commenté le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, à la publication des 43 indicateurs du rapport, réclamant des investissements dans les énergies renouvelables et la résilience climatique.

Dépendance aux combustibles fossiles 

« Nous assistons à une dépendance persistante aux combustibles fossiles, qui non seulement amplifie l'impact du changement climatique sur la santé, mais qui, à ce stade, aggrave également les crises concomitantes auxquelles nous sommes confrontés à l'échelle mondiale : Covid, inflation, crise énergétique, crise alimentaire liée à la guerre en Ukraine », poursuit la Dr Romanello.

Alors que le rythme de survenue des évènements climatiques extrêmes (vagues de chaleur, fortes précipitations, feux de forêt, tempêtes, sécheresses, etc.) s’accélère, « le monde se situe à un tournant. (...) Nous devons changer. Sinon nos enfants seront confrontés à une accélération du changement climatique qui menacerait leur survie », ajoute le Pr Anthony Costello, co-président du Lancet Countdown.

À court terme, les craintes portent notamment sur la sécurité alimentaire mondiale. « De nouvelles augmentations de la température, de la fréquence et de l'intensité des phénomènes météorologiques extrêmes et les concentrations de dioxyde de carbone exerceront encore plus de pression sur la disponibilité et l'accès à des aliments nutritifs, en particulier pour les plus vulnérables », prévient Elizabeth Robinson, une des auteurs.

Les décès liés à la chaleur en hausse de 68 %

Mais, les effets sanitaires se font d’ores et déjà sentir. Les décès liés à la chaleur ont augmenté de 68 % entre 2017 et 2021 par rapport à 2000-2004. L’exposition humaine à des journées à haut risque d'incendie a augmenté de 61 % sur des périodes similaires. En Europe, l’exposition aux canicules a augmenté, entre les périodes 2000-2009 et 2010-2019, de 57 % en moyenne avec des augmentations locales de plus de 250 %. En conséquence, la mortalité liée à la chaleur a augmenté de 15 décès annuels par million d'habitants par décennie entre 2000 et 2020 sur le continent. La seule pollution de l’air aux particules fines était responsable de 117 000 décès en 2020.

Le dérèglement climatique favorise également la propagation des maladies infectieuses. La période propice à la transmission du paludisme a augmenté de près d'un tiers (32,1 %) dans certaines régions des Amériques et de 14 % en Afrique au cours de la dernière décennie, par rapport à la période 1951-1960. Au niveau mondial, le risque de transmission de la dengue s'est accru de 12 % sur la période. En Europe, le risque de propagation de maladies comme le paludisme, le Vibrio non cholérique ou le virus du Nil occidental, se développe également.

Appel à une action climatique « centrée sur la santé »

Malgré ces retombées catastrophiques, la majorité des pays continue à accorder un soutien financier aux énergies fossiles à des niveaux comparables voire supérieurs aux budgets alloués aux systèmes de santé, déplorent les experts, soulignant qu’au rythme actuel, « une décarbonation complète de notre système énergétique prendrait 150 ans ». Les orientations actuelles « nous ferment rapidement les perspectives d'un monde vivable », alerte un des auteurs Paul Ekins, de l'University College London.

Pour désamorcer ce cercle vicieux, un espoir réside dans une « action climatique centrée sur la santé », plaident les auteurs. La seule amélioration de la qualité de l’air éviterait par exemple plus d’un million de décès annuels. De même, le passage à une alimentation végétale permettrait de réduire 55 % des émissions agricoles et d'éviter jusqu'à 11,5 millions de décès annuels liés à l'alimentation.


Source : lequotidiendumedecin.fr