À l'occasion de la Journée mondiale des donneurs de sang, qui se tient comme chaque année le 14 juin, l'Établissement français du sang (EFS) lance une campagne de sensibilisation jusqu'à la fin du mois pour remercier les donneurs et rappeler l’importance des dons avant la période estivale. Cette année, François Toujas, pour sa dernière édition en tant que président de l'EFS, a aussi mis l'accent sur le don de plasma.
« L'EFS collecte à la fois des produits sanguins labiles, c'est-à-dire du sang total, et une partie du plasma, qui entre dans la fabrication des médicaments dérivés du plasma : immunoglobulines, albumine, facteurs de coagulation… », rappelle-t-il.
Le marché des immunoglobulines est mondial, poursuit-il. « Une des leçons majeures de la crise sanitaire liée au Covid est l'importance de la souveraineté sanitaire », souligne-t-il, rapportant que la production française couvre seulement 35 % des besoins nationaux en matière d'immunoglobulines. Les 65 % restant proviennent donc de l'étranger. Et « 80 % des immunoglobulines utilisées en France sont aujourd'hui produites à partir de plasmas issus de collectes aux États-Unis qui n'ont rien d'éthique », regrette François Toujas. Aux États-Unis, comme dans d'autres pays comme l'Allemagne, le don est rémunéré, alors que la gratuité du don reste une condition chère à la France. Et alors que le nombre annuel de dons est limité à 24 en France, il peut atteindre 120 dans certains pays comme les États-Unis.
Or, la répétition des dons peut altérer la teneur en protéines du plasma. Selon l'EFS, le plasma collecté en France possède ainsi un taux de protéines de l’ordre de 20 % supérieur au taux retrouvé dans les plasmas collectés dans des pays où il est rémunéré. « Nous avons donc un très fort enjeu à retrouver une position nationale plus favorable », estime le président de l'EFS.
Promouvoir le don éthique en Europe
En ce sens, l'État a investi dans une nouvelle usine de production de médicaments dérivés du plasma qui doit voir le jour à l'horizon fin 2024 à Arras ; elle est rattachée au laboratoire français de fractionnement et des biotechnologies (LFB). « Cela implique que nous, à l'EFS, devons améliorer la collecte de plasma destiné à la fabrication de médicaments dérivés du plasma, c'est un enjeu essentiel », avance François Toujas, précisant que la totalité du plasma collecté par l'EFS est destinée au LFB. Début juillet, l'EFS va ainsi lancer une nouvelle campagne axée sur le don plasma. Ce type de don requiert davantage de temps qu'un don de sang, avec une durée d'environ 45 minutes.
François Toujas a également insisté sur l'importance de promouvoir un modèle éthique du don de plasma au niveau européen, à l’approche de l’adoption de la nouvelle proposition de règlement sur les substances d’origine humaine (Soho). Qualité des produits et sécurité des patients et des donneurs doivent notamment être garanties.
L'EFS a par ailleurs rappelé que l'année 2022 a été particulièrement difficile, alors qu'il a publié, pour la première fois de son existence, deux bulletins d'urgence vitale, à six mois d'intervalle, le premier en février et le second en juin. La situation s'est améliorée en 2023, en raison notamment d’une consommation en produits sanguins plus faible dans les établissements de santé qu’habituellement. Toutefois, « si, jamais une poche de sang n’a manqué aux patients, l’année 2022 a montré à quel point le don de sang est extrêmement dépendant du contexte socio-économique et sanitaire », souligne le président de l'EFS.
L'année 2022 a également été difficile sur le plan financier pour l'EFS. L'Inspection générale des Affaires sociales (Igas) et l'Inspection générale des finances (IGF) sont ainsi en charge d'une mission pour aider l'EFS à définir un modèle économique équilibré, dont les conclusions sont attendues prochainement, annonce François Toujas.
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce