Santé publique

Monkeypox : premier cas pédiatrique en France

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Publié le 27/06/2022
L’ARS Île-de-France rapporte la détection d’un premier cas de variole du singe chez un enfant scolarisé en école primaire. Au niveau mondial, l’OMS considère que l’épidémie de monkeypox ne relève pas d’une urgence de santé publique d’ampleur internationale.

Crédit photo : HAZEL APPLETON, CENTRE FOR INFECTIONS/HEALTH PROTECTION AGENCY/SPL/PHANIE

Les adultes ne sont plus les seuls touchés par le monkeypox en France. En effet, un premier cas pédiatrique de variole du singe a été confirmé chez un enfant scolarisé dans une école primaire de la région Île-de-France – la plus touchée par l’épidémie. C’est ce qu’a rapporté ce 25 juin l’Agence régionale de santé (ARS) concernée.

Pour le moment, l’instance rassure sur l’état santé de l’enfant touché. « Il a été pris en charge et ne présente aucun signe de gravité », précise-t-elle dans un communiqué. Dans le cadre des investigations visant à « retracer au plus vite la chaîne de contacts de l’enfant », un deuxième cas pédiatrique probable a aussi été identifié. Et ce, « au sein de la même fratrie », détaille l’ARS.

Jusqu’à présent, l’épidémie de variole du singe avait touché quasi exclusivement des hommes adultes – ayant pour la plupart des relations sexuelles avec des hommes (HSH). Seul un cas survenu chez « une jeune femme, dont le partenaire (non testé) a rapporté qu’il avait eu une éruption cutanée trois semaines auparavant » avait été enregistré le 21 juin parmi les 330 cas de monkeypox comptabilisés dans l’Hexagone à cette date.

Risque de transmission familiale aux enfants

Mais « les caractéristiques et la contagiosité de cette maladie font qu’elle peut (en effet) également toucher des enfants », souligne l’ARS Île de France. Selon l'agence, en population pédiatrique, la contamination peut se faire par contact direct avec une personne infectée symptomatique mais surtout indirectement par le partage des « linges, pièces de vie, couverts, etc. », principalement « dans un cadre familial ».

Si le risque de propagation du pathogène au-delà de la population d’HSH a pour le moment été qualifié de faible, à noter que la variole du singe se révèle classiquement plus sévère en population pédiatrique que chez les adultes. Ainsi la mission nationale de Coordination opérationnelle du risque épidémique et biologique (Coreb) recommandait-elle dès le début de l’épidémie d’accorder une « attention particulière » aux enfants en cas de contamination.

Les HSH restent les plus touchés à l'échelle mondiale

À l’échelle mondiale, l’épidémie de monkeypox continue de toucher majoritairement les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, vivant dans des zones urbaines, d’âge jeune et n’ayant ainsi pas été vaccinés contre la variole. C’est ce qu'indique l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a réuni récemment un comité d’urgence sur l’épidémie internationale de variole du singe. Selon l’instance, « des recherches préliminaires ont estimé que le taux de reproduction R0 (du monkeypox) serait de 0.8 et, parmi les HSH, de plus de 1 ».

Au-delà de cette population, peu de professionnels de santé semblent par ailleurs avoir été touchés au niveau mondial. « À la date (du 25 juin), 10 cas d’infection ont été rapportés chez des professionnels de santé, dont au moins neuf n’étaient pas dus à une contamination dans le cadre professionnel », détaille l’OMS.

Vers une stagnation du nombre de nouvelles contaminations ?

En fait, l’épidémiologie de la variole du singe apparaît rassurante. Alors qu’au 25 juin, plus de 3 000 cas avaient été déclarés dans 47 pays souvent éloignés de la zone d’endémie, la circulation du virus pourrait commencer à marquer le pas. De fait, l’instance relève « d’actuelles observations de plateau ou de potentielles tendances à la baisse du nombre de cas dans certains pays qui ont connu une flambée précoce ».

Et si cliniquement, les cas de variole du singe apparaissent relativement atypiques – avec « quelques lésions localisées dans la zone génitale, périnéale, périanale ou périorale qui ne s’étendent pas, et une poussée cutanée asynchrone » –, la plupart se révèlent bénins. « Il n’y a pour le moment eu que quelques hospitalisations, et un (unique) décès chez un individu immunodéprimé a été rapporté », indique l’instance.

Dans ce contexte, l’OMS, qui devait se prononcer sur la question, considère que l’épidémie actuelle de variole du singe ne constitue pas une urgence de santé publique de portée internationale. Soit qu’elle ne relève pas « d’un évènement extraordinaire, qui constitue un risque pour la santé publique pour différents états par une transmission internationale, et qui requiert potentiellement une réponse internationale coordonnée ».

Pas d'urgence de santé publique de portée internationale… pour le moment

Toutefois, la dynamique épidémique reste incertaine, alors qu’une vaste part de la population mondiale n’apparaît plus vaccinée contre la variole.

De plus, le contact tracing serait particulièrement problématique. D’abord à cause d’un grand nombre de contacts anonymes, mais aussi, comme le laisse entendre l’OMS, du fait d’un « risque d’exacerbation de la stigmatisation et de la violation des droits de l’homme, y compris les droits à la vie privée, à la non-discrimination, à la santé physique et mentale, des groupes de population touchés ». Plus généralement, « (la criminalisation ou la stigmatisation) des comportements homosexuels (…) créent des obstacles à l'accès aux services de santé et peuvent également entraver la réponse (au monkeypox) », juge l’organisation.

Au total, dans un contexte inédit, qui pose encore de nombreuses questions, le comité de l’OMS estime que la décision de ne pas considérer l’épidémie de monkeypox comme une urgence de santé publique internationale pourrait être revue en cas d’augmentation des cas dans les 21 prochains jours, de circulation du virus parmi les professionnels du sexe, d’extension géographique de l’épidémie, de gravité accrue, d’une transmission à la population animale, de cas d’échappement immunitaire ou de résistance aux antiviraux disponibles, etc.


Source : lequotidiendumedecin.fr