Plus de 40 % des cas de diabète chez les moins de 15 ans sont diagnostiqués au stade de l’acidocétose

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Publié le 01/10/2024

L’association d’Aide aux jeunes diabétiques lance une nouvelle campagne nationale pour l’amélioration du diagnostic du type 1. Parmi leurs messages, la réaffirmation du rôle du généraliste dans le diagnostic.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Avec une augmentation moyenne de 4 % des nouveaux cas de diabète de type 1 (DT1) par an en France, l’association d’Aide aux jeunes diabétiques (AJD) veut sensibiliser le grand public aux premiers signes de la maladie dans une nouvelle campagne nationale. L’objectif est de réduire le retard diagnostique, qui génère une trop grande part d’enfants pris en charge au stade d’acidocétose.

La campagne « Ensemble, repérons les signes du diabète de type 1 avant qu’il ne soit trop tard » est composée d’un film d’une trentaine de secondes, diffusé à la télévision, sur les réseaux et dans les cinémas, ainsi que des affiches et flyers ; tout juste lancée, elle courra jusqu’en juin 2025. « Chez les moins de 15 ans, 42,3 % des nouveaux cas de diabète de type 1 arrivent à l’hôpital en acidocétose », martèle le président de l’AJD, le Dr Marc de Kerdanet, citant les chiffres de l’Observatoire de prévention de l’acidocétose lors d’une conférence presse. Avec cette dernière, l’association souhaite également sensibiliser les médecins généralistes à l’intérêt de réaliser en cabinet des dextros et la recherche de glycosurie devant les symptômes évocateurs, afin de rediriger les enfants au plus tôt aux urgences.

Trois médecins sur 10 n’ont pas le réflexe d’envoyer aux urgences une suspicion de DT1

« Le baromètre B3santéPro pour l’AJD nous montre que six médecins sur 10 déclareraient recommander la pratique d’un bilan sanguin à jeun pour le diagnostic du diabète de type 1 alors que celui-ci n’est pas nécessaire et peut retarder la prise en charge », détaille le Dr Pierre de Bremond d’Ars, médecin généraliste. Ce dernier encourage ainsi les médecins à avoir des « dextros et des bandelettes urinaires dans leur cabinet ». Et le président de l’AJD de rappeler que la réapparition d’une énurésie chez un enfant n’est jamais anodine et doit être creusée : « le duo polyurie-polydipsie est propre au diabète de type 1, mais souvent banalisé car paraissant peu inquiétant pour les parents ».

« Devant ces symptômes et une suspicion de diabète, il faut envoyer l’enfant vers les urgences, trois médecins sur 10 ayant répondu au baromètre n’ont pas encore ce réflexe, détaille le Pr Jacques Beltrand, pédiatre et diabétologue à l’hôpital Necker-Enfants malades (AP-HP). En l’absence de prise en charge hospitalière, l’hyperglycémie évolue très rapidement vers la cétose et l’acidocétose ». Les experts rappellent également que le diagnostic précoce est crucial pour préserver au mieux les cellules bêta-pancréatiques et la qualité de vie de l’enfant.

Dans près de deux cas sur 10, l’acidocétose est sévère

En 2023, la prévalence du DT1 chez les moins de 15 ans est estimée à 30 000 cas, avec une incidence moyenne de 3 000 cas. L’observatoire de l’acidocétose relève que quatre enfants ou adolescents de moins de 15 ans sur 10 sont diagnostiqués trop tard, à l’arrivée à l’hôpital : 42,3 % sont en acidocétose, dont 17,5 % de cas sévères et 3 % de coma diabétique. Selon l’observatoire de prévention de l’acidose, 70 % des décès liés à l’acidocétose concernent des enfants de un à quatre ans, soit une surmortalité multipliée par 5,4 dans cette tranche d’âge.

« Dans les pays nordiques, les cas de diagnostic de diabète au stade de l’acidocétose ne représentent que 4 % des cas de diabète chez les moins de 15 ans », rajoute le Dr de Kerdanet, qui fait le lien avec une meilleure éducation aux signes du diabète dans ces populations.

Le futur du DT1

À l’occasion de la conférence de presse, le Pr Roberto Mallone, diabétologue et endocrinologue pour adulte à l’hôpital Cochin (AP-HP), a évoqué les espoirs cliniques que porte la recherche. Le dépistage précoce du DT1 chez les enfants à risque avec le dosage d’auto-anticorps et les traitements de freination de la progression pourraient offrir aux enfants atteints une préservation de leurs cellules bêta-pancréatiques et une amélioration de leur qualité de vie.


Source : lequotidiendumedecin.fr