La réglisse est connue pour favoriser l’augmentation de la pression artérielle et tout abus est déconseillé aux patients hypertendus. Sa consommation excessive et/ou régulière peut aussi être à l’origine d’intoxications graves « y compris chez des personnes en bonne santé qui n’ont jamais souffert d’hypertension », alerte l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dans un communiqué.
Comme le rappelle l’agence sanitaire, « la glycyrrhizine est le composant le plus abondant de la racine de réglisse ». Compte tenu de son pouvoir sucrant important, elle est utilisée dans de nombreux produits « comme les bonbons, chewing-gums, snacks, produits de boulangerie, glaces et sorbets, liste l’Anses. On la retrouve également dans des boissons gazeuses et sirops, les boissons alcoolisées à base d’extraits de réglisse (pastis, ouzo, raki…), le pastis sans alcool, les bières ou encore des compléments alimentaires ».
Suite à plusieurs appels et signalements d’intoxications graves effectués auprès des Centres antipoison (CAP) et du dispositif de Nutrivigilance, l’Anses a conduit une étude rétrospective portant sur les intoxications après consommation d’au moins un agent alimentaire contenant de la réglisse ou ses dérivés, et rapportés aux CAP au cours de la période 2012 – 2021.
Des tableaux de pseudo-hyperaldostéronismes
Sur cette période de 10 ans, 64 cas – dont un mortel et 42 % jugés graves - ont été recensés. Les produits impliqués étaient dans la moitié des cas des boissons non alcoolisées, loin devant les confiseries contenant de la réglisse (12,5 %), ou faites d’extrait de réglisse pur (9,4 %). La consommation était le plus souvent chronique (67,2 %). Un usage excessif était majoritairement rapporté (70,3 %).
Le tableau clinique était essentiellement à type de pseudo-hyperaldostéronisme, « dont la gravité semblait corrélée à la quantité de glycyrrhizine ingérée » et « dont les complications, parfois graves, étaient liées à l’hypokaliémie et/ou à l’HTA », précise l’Anses. En cas de consommation aiguë, de rares cas de réaction d’allure allergique ont été rapportés.
Avec un nombre de cas annuel allant de trois à neuf, sans variation significative au cours de la période, ces intoxications apparaissent finalement assez rares. Cependant, « le pseudo-hyperaldostéronisme induit par la réglisse étant une situation clinique a priori connue des praticiens, et notamment de ceux spécialisés en HTA, il est vraisemblable que le signalement à la toxicovigilance ne soit pas fréquemment jugé comme nécessaire, nuancent les auteurs de l’étude. La sous-déclaration des cas dans cette étude a donc très probablement été majeure ». Ainsi, « la rareté des cas rapportés aux CAP ne devrait pas faire sous-estimer le risque de pseudo-hyperaldostéronisme et de ses complications graves, parfois mortelles, largement documentées dans la littérature scientifique ».
Pas plus de 10 mg/j de glycyrrhizine
Dans ce contexte, l’Anses s’est autosaisie afin d’établir une valeur toxique de référence (VTR) de la glycyrrhizine et d’évaluer plus précisément les risques liés à la consommation alimentaire de réglisse.
En attendant, « en l’état actuel des connaissances », l’agence recommande « une consommation ne dépassant pas 10 milligrammes par jour de glycyrrhizine, en veillant à ne pas multiplier les sources d’apports ».
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce