Un SOS

C’est un caillou dans la chaussure d’Agnès Buzyn, comme pour la plupart de ses prédécesseurs. Mais, alors que le mouvement de grève atteint désormais 65 sites d’urgences et qu’une grande partie des personnels de ces services a observé 5 minutes de débrayage symbolique le 28 mai sur le coup de midi, la situation n’a jamais paru aussi tendue à l’accueil des hôpitaux. C'est un SOS que lance dans nos colonnes François Braun, patron du SAMU. Les causes sont multifactorielles et on ne les connaît que trop bien : la crise de la démographie médicale affecte plus que d’autres les praticiens de la discipline, alors même que les urgences sont de plus en plus perçues par la population comme un recours commode face aux difficultés d’accès aux soins. En aval, les fermetures de lits opérées ces dernières années n’arrangent rien.

L'état des lieux est d’autant plus préoccupant qu’il semble sans issue : alors que plusieurs rapports y sont allés ces derniers mois de leurs propositions, la ministre de la Santé est la première à reconnaître qu’il n’existe « pas de solution miracle ». Les pouvoirs publics ne sont pourtant pas restés totalement inactifs ces dernières années. Mais que faire face à cette équation à plusieurs inconnues ? Tous les regards se tournent vers les jeunes que pourrait tenter le nouveau DES ou encore vers les médecins libéraux susceptibles d’intégrer les nouvelles communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Résultat aléatoire dans les deux cas. À l’hôpital, le nouvel internat peine à séduire les étudiants et de toute façon ne produira de futurs spécialistes que dans deux ans. En ville, les médecins semblent surchargés autant que dubitatifs : et la dynamique CPTS prendra du temps avant de relancer la prise en charge en ambulatoire des soins non programmés. Reste à éduquer la population en attendant des jours meilleurs. Un cautère sur une jambe de bois.