Un surrisque de syndrome de Guillain-Barré avec les vaccins Covid à adénovirus, mais pas pour ceux à ARNm

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Publié le 09/10/2023
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Crédit photo : BURGER / PHANIE

Il y aurait un risque accru de syndrome de Guillain-Barré (SGB) avec les vaccins à adénovirus mais non avec les vaccins à ARNm, met en évidence une nouvelle étude du groupement scientifique Epi-phare, publié ce 6 octobre dans Neurology.

« Le syndrome de Guillain-Barré (SGB) a été associé de manière incohérente à certains vaccins Covid-19. Nous avons cherché à quantifier le risque de SGB en fonction du type de vaccin Covid-19 dans une large population », précisent les auteurs en introduction. Pour rappel, le SGB est une maladie auto-immune qui provoque une faiblesse musculaire et une paralysie pouvant entraîner des séquelles neurologiques graves.

À partir du système national des données de santé (SNDS), les chercheurs ont analysé les données de toutes les personnes âgées de 12 ans et plus, admises pour un SGB entre le 27 décembre 2020 et le 20 mai 2022, afin d'estimer son incidence relative* (IR) dans les 1 à 42 jours suivant la vaccination jusqu’à la première dose de rappel, puis de calculer le nombre de cas attribuables à l'injection.

Environ six cas de SGB par million de vaccinés pour les vaccins à adénovirus

Sur 58,5 millions de personnes âgées de 12 ans ou plus, 88,8 % ont reçu au moins une dose du vaccin Covid-19 et 2 229 ont été hospitalisées pour un SGB pendant la période de l’étude. Les patients étaient âgés en médiane de 57 ans, des hommes, à 60 %.

L’incidence relative (IR) du SGB entre 1 et 42 jours était de 2,5 pour la première dose de ChAdOx1-S (Vaxzeria, AstraZeneca) et de 2,4 pour la dose unique de vaccin Ad26.COV2.S (Jcovden, Janssen, filiale de Johnson & Johnson), recommandé seulement à partir de 50 ans. L'incidence était la plus élevée entre 15 à 28 jours et touchait surtout les femmes pour le Janssen. À titre de comparaison, un surrisque de SGB a aussi été retrouvé (et même, dans une plus grande mesure) dans les 42 jours suivant une infection Covid (IR de 3,8), une infection respiratoire (1,8), ou une infection gastro-intestinale (4,2).

Après analyse, les scientifiques considèrent que pour le Vaxzeria, 61 % des cas de SGB sont attribuables à la vaccination. Une proportion qui s'élève à 58 % pour le Jcovden. Le nombre de cas excédentaires de SGB attribuables à la vaccination, par million de personnes, est estimé à 6,5 après une première dose du Vaxzeria et à 5,7, après le Jcovden.

Pas de cas en excès pour les autres vaccins, à une exception près

À l’exception du groupe des 12-49 ans après la seconde dose du vaccin à ARNm-1273 de Moderna (IR : 2,6, soit un excès de 2,2 cas par million), aucune des estimations de l’IR ne s’est avérée significativement plus élevée pour les vaccins ARNm, est-il précisé. De même, les doses de rappel n'étaient pas associées à une augmentation d'incidence du SGB. Les auteurs considèrent le résultat sur les moins de 50 ans après une deuxième dose de Moderna comme isolé (on ne le retrouve pas en population générale) et ne correspondant pas à ce qu'on sait de la littérature scientifique. Et d'autant moins inquiétant qu'il ne devrait plus y avoir de deuxième dose dans cette population (le Moderna ayant été déconseillé aux moins de 30 ans dès 2021).

« Dans cette évaluation globale au niveau de la population française, il n’y a pas eu d’augmentation statistiquement significative du risque de syndrome de Guillain-Barré après la primo-vaccination par les vaccins à ARNm. Ceci est rassurant dans le contexte de l’utilisation actuelle et future de la vaccination de rappel à base d’ARNm », concluent les auteurs.

À noter, la campagne de rappel lancée début octobre s’appuie sur le vaccin monovalent Comirnaty de Pfizer – BioNTech, adapté au variant XBB.1.5 (sous-variant d'Omicron), en attendant des doses du vaccin de Moderna, lui aussi adapté à XBB, qui a obtenu peu après une autorisation de l’agence européenne des médicaments (EMA).

*C'est le rapport entre le nombre de nouveau cas apparus sur une période d'exposition, en l'occurrence, post-vaccination, par rapport au nombre de nouveaux cas sur une période non exposée. L'IR mesure l'augmentation du risque


Source : lequotidiendumedecin.fr