« Un traitement, des gestes simples » : ministère et sociétés savantes à l'unisson contre la bronchiolite

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Publié le 19/09/2023

Crédit photo : BURGER/PHANIE

À l’approche de la saison hivernale, ministère de la Santé, autorités sanitaires et sociétés savantes se mobilisent pour réduire l’impact de la bronchiolite autour du slogan : « un traitement, des gestes simples ».

Alors que les formes graves affectent les tout jeunes nourrissons et que l’épidémie de 2022-2023 a été « précoce et prolongée » avec une « très forte intensité », selon la Dr Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France (SPF), il est « essentiel de communiquer auprès des jeunes parents », a insisté, lors d’un point presse du ministère, la Pr Christelle Gras-Leguen, pédiatre au CHU de Nantes et chargée par le gouvernement d'accompagner le déploiement du nouveau traitement contre la bronchiolite.

Des dizaines d’immunisation déjà menées

Le traitement, c’est le nirsévimab (Beyfortus, Sanofi/AstraZeneca), un anticorps monoclonal dirigé contre le virus respiratoire syncytial (VRS), de la même famille que le palivizumab, indiqué depuis plus de 20 ans chez les nourrissons prématurés. La campagne d'immunisation a démarré le 15 septembre chez les nouveau-nés et nourrissons dans leur première année d'exposition (nés à partir du 6 février 2023). La Haute Autorité de santé, en collaboration avec le Collège de la médecine générale et le Conseil national de pédiatrie, a publié une fiche de huit réponses rapides.

Au total, 200 000 doses ont été commandées. Une injection unique par voie intramusculaire (face antérolatérale de cuisse) suffit. Deux dosages sont disponibles : 50 mg pour les bébés de < 5 kg et 100 mg chez ceux de ≥ 5 kg. Le traitement est délivré sur ordonnance médicale uniquement, soit en établissement de santé, soit en pharmacie de ville sur commande et sans facturation aux patients. Les médecins et les infirmiers, mais aussi les sages-femmes, depuis un décret du 14 septembre, peuvent l'administrer.

Dans l’attente de l’arrivée des premières doses dans les officines, les premières injections ont eu lieu dans les maternités. « Des dizaines d’immunisation » ont déjà été menées, assure la Pr Gras-Leguen. Concernant le niveau d’acceptabilité des parents, les signaux sont « encourageants », poursuit-elle, soulignant que lors de l’essai clinique mené en France l’an dernier, l’acceptation avait également été « bonne ».

Selon les données de cet essai, le nirsévimab a permis de réduire de 80 % les hospitalisations, avec des effets secondaires « assez rares et bénins », indique encore la pédiatre. Le nirsévimab dispose d’une « meilleure puissance d’inhibition du VRS que le palivizumab in vivo et in vitro », a ajouté le Pr Loïc de Pontual, représentant du Conseil national professionnel de pédiatrie (CNPP), lors d’un point presse des sociétés savantes autour de la Société française de pédiatrie (SFP).

Ne dites plus « gestes barrières » mais « gestes simples »

Mais, selon la Pr Gras-Leguen, la campagne ne sera un succès que si l’immunisation s’accompagne de l’adoption de « règles d’hygiène ». C’est le volet « gestes simples » du slogan ministériel, un terme jugé moins connoté négativement que les « gestes barrières ».

Il s’agit d’éviter les endroits confinés et très fréquentés (supermarchés, transports en commun, etc.), de se laver les mains avant de manipuler un nouveau-né, de se masquer lorsqu’on est malade, d’éviter les contacts avec les gens malades ou encore d’éviter l’exposition au tabac, d’aérer les pièces et de laver régulièrement les biberons, tétines et doudous. Ces mesures de protection contre le VRS sont également utiles contre d’autres virus, comme la grippe ou le Covid.

« On sait que ces mesures fonctionnent », martèle la Pr Gras-Leguen. Lors du premier confinement, « on a vu disparaître la bronchiolite », rappelle-t-elle, jugeant qu’il n’y a « pas de fatalité », les gestes barrières ont un « effet spectaculaire ».

Chaque hiver, en moyenne, 480 000 cas de bronchiolite sont recensés. Et 2 à 3 % des cas conduisent à une hospitalisation. Mais le profil de l’épidémie a changé depuis la pandémie. Avant 2020, l’épidémie débutait mi-novembre, connaissait un pic en décembre, avant de s’achever fin janvier, a détaillé la Dr Semaille.

En 2020-2021, en plein Covid, l’épidémie a été retardée avec un pic mi-avril, mais les années suivantes, elles ont été « précoces et prolongées » avec une « intensité comparable » aux épidémies prépandémie en 2021-2022 et « très forte » en 2022-2023. Pour cette année, « la situation sera probablement assez comparable » à l’an dernier, anticipe la patronne de SPF. Pour l’heure, en semaine 36 (du 4 au 11 septembre), l’activité reste « faible » mais progresse : les visites de SOS médecins pour ce motif sont en hausse de 17 % par rapport à la semaine précédente et les passages aux urgences de 28 %.

Avant que l’incidence ne progresse réellement, une campagne radiophonique et d’affichage est lancée par le ministère. Le nirsévimab dispose d’un « niveau de sécurité important » et une surveillance renforcée est mise en place par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), indique la Direction générale de la santé.


Source : lequotidiendumedecin.fr