Depuis peu, un nouveau produit arrivé sur le marché suscite l’inquiétude. Disponible à l’achat sur internet et chez quelques buralistes en métropole, la poudre commercialisée par la marque Sniffy vend un concept de produit énergisant à renifler destiné aux sportifs.
Si la ministre du Travail, de la Prévention et de la Santé, Catherine Vautrin, et son ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, se sont déjà prononcés à ce sujet, Addictions France condamne aussi ce produit… tout comme la Confédération des buralistes. Le ministre délégué a d’ailleurs assuré à l’antenne de France Info, ce samedi 25 mai, qu’il se pencherait dans les prochains jours sur la question pour « voir comment interdire cette chose », se disant « intraitable sur le sujet ». Il a d’autre part déclaré : « C’est rageant de voir ce genre de produit proposé à la jeunesse. Sous couvert d’un discours inoffensif, cela attire les jeunes vers les drogues, le tabac et, finalement, vers la dépendance. »
« C’est totalement conforme à la loi », se défend la marque
La poudre, de couleur blanche et conditionnée dans des flacons contenant 1 g de produit, est fournie avec une petite paille et se décline en plusieurs « saveurs ». La marque la présente comme un produit à consommer « par le nez » en le reniflant afin d’obtenir un effet énergisant et optimiser les performances sportives. La marque indique « un effet sur 20 à 30 minutes » grâce au mode d’absorption via les muqueuses nasales.
Le produit contient de la caféine, de la créatine, de la taurine, des acides aminés (bêta-alanine, L-arginine, L-citrulline) et de la maltodextrine (toutes à la dose de 100 mg pour 1 g de produit). Le fabricant indique sur son site, dont l’accès est « interdit » aux moins de 18 ans, une limitation de consommation à deux flacons par jour, soit 2 g, précisant qu’une « consommation excessive peut provoquer des effets indésirables ». Du visuel au mode de consommation, la marque affiche une identité ludique et décomplexée de son produit à l’image de son argument marketing : « une poudre blanche qu'on inhale par le nez ? Bien que cela puisse évoquer le plaisir interdit, c'est totalement conforme à la loi ».
Les codes de la cocaïne
Pour la Pr Marie Grall-Bronnec, psychiatre du service d’addictologie et de psychiatrie de liaison du CHU de Nantes, la marque « joue avec l’imaginaire collectif ». « En proposant un produit en poudre supposé apporter un effet énergisant qui se consomme par voie nasale avec un effet immédiat et qui ne dure que quelques minutes, on pense immédiatement à la cocaïne », souligne-t-elle auprès du Quotidien. Pour la médecin, ce produit qui vise un public jeune « banalise et normalise un comportement habituellement associé à la prise de drogue ».
Un avis partagé par la Confédération des buralistes dans un communiqué de presse faisant remarquer : « Bien que ces produits ne contiennent ni nicotine ni substance illégale, leur mode d’administration et leur similitude avec certaines drogues posent clairement des questions d’ordre éthique ». La confédération a d’autre part déclaré que « 90 % des buralistes sont contre la commercialisation de ce produit », estimant que seulement « quelques dizaines au plus » de buralistes le vendaient. Cette affaire n’est pas sans rappeler celle des puffs désormais interdites en France. En effet, l’association Addictions France, quant à elle, déclare que « les buralistes qui vendent déjà du tabac aux mineurs dans les deux tiers des cas et qui n’ont pas hésité à surfer sur la vague des puffs, vont poursuivre la diversification de leurs activités […] ». L’association condamne ainsi la « promotion publicitaire qui repose en quelque sorte sur une cocaïne décocaïnée ».
Une porte vers l’addiction ?
La psychiatre du CHU de Nantes rajoute que « les jeunes sont plus vulnérables aux expérimentations de substances psychoactives » et se dit « surprise de savoir qu'un tel produit avec ce mode d'usage est en vente et que de telles publicités soient possibles ». Elle confie également au Quotidien avoir eu le retour d’un patient, ancien consommateur de cocaïne, qui a pu se procurer le produit en bureau de tabac. « Prendre de la poudre Sniffy par voie nasale va reproduire le comportement qu'il avait quand il consommait de la cocaïne. C'est un comportement qui peut favoriser la rechute », avertit-elle.
À noter que les principes actifs contenus dans la poudre ne font l’objet d’aucun consensus scientifique sur leur efficacité pour les allégations indiquées ; et que la taurine a déjà été pointée du doigt à plusieurs reprises pour les risques liés à sa surconsommation (boissons énergisantes).
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