« Le dépistage organisé ne devrait pas être recommandé pour tous entre 50 et 79 ans, tel qu’il se pratique aujourd’hui (en France jusqu’à 74 ans, NDLR) », conclut un panel d’experts internationaux qui dans un article publié par le British Medical Journal (BMJ) argumentent leur message. Pour ceux et celles qui ont des risques mineurs de développer un cancer colorectal, le bénéfice est faible et incertain, avec d’éventuels effets indésirables. La plupart des guidelines recommandent un dépistage généralisé à partir de 50 ans, sans considérer les risques individuels. Or à cet âge, le risque de développer ce cancer dans les 15 ans est de 1 à 2 %.
Les signataires indiquent que « le dépistage devrait être recommandé aux femmes et aux hommes qui ont un risque cumulé de 3 % voire plus, dans les 15 années. ». Cet avis, qui se base sur des recommandations express (« Rapid Recommendations ») du BMJ, rappelle que les risques sont liés à l’âge, des facteurs génétiques et d’hygiène de vie, la consommation d’alcool, etc. Pour le Dr Éric Vaillant, membre du Comité technique et de prospective du dépistage du cancer colorectal, ces risques sont aujourd’hui de mieux en mieux évalués : « Différents scores existent, dont celui de Kaminski retenu par la Société française d’endoscopie digestive. » Ce gastro-entérologue et oncologue digestif à Lille tient tout de même à rappeler les enjeux et les objectifs : « Il faut bien distinguer le dépistage individualisé prenant en compte les risques de cancer de chacun, mais aussi l’acceptabilité du test de dépistage ou d’une coloscopie, du dépistage organisé qui cible l’ensemble d’une population dans un but de santé publique. »
Stratégie plus ciblée
En attendant, ne faudrait-il pas revoir l’organisation du dépistage organisé en France ? Car une chose est sûre, cela ne fonctionne pas ! Le taux de participation de 33,5 % (INCa, 2019) est très insuffisant. Et avec plus de 42 000 nouveaux cas par an, l’incidence de ces cancers ne diminue pas franchement depuis 1990. « Face à ce constat, il est temps que nos autorités de santé proposent une stratégie plus ciblée, souligne le Dr Vaillant. Mais malheureusement, la volonté politique semble s’être émoussée, le Comité technique et de prospective du dépistage ne se réunit plus depuis plus d’un an sans que l’on sache pourquoi ! »
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