Covid-19 et prescriptions hors AMM en ville : le rappel à l'ordre du CNGE

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Publié le 04/11/2020
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Un médecin généraliste réalise une prescription médicale en 2020

Un médecin généraliste réalise une prescription médicale en 2020
Crédit photo : GARO/PHANIE

Primum non nocere. Moins d’une semaine après l’annonce d’un nouveau confinement, le conseil scientifique du CNGE rappelle que, « dans le respect du principe […] de non-malfaisance, l’absence d’évaluation d’un traitement conduit à ne pas le prescrire car ce serait faire supporter aux patients un risque de dommages supérieur aux bénéfices ». Dans le contexte sanitaire actuel, il n’apparaît donc pas éthique de prescrire contre le Covid-19, hors AMM, des médicaments n’ayant pas fourni la preuve de leur efficacité contre l’infection à SARS-CoV-2 en ambulatoire.

Cause de ce rappel à l’ordre : la persistance, en ce début de deuxième vague, de prescriptions qui « exposent les patients à des risques inutiles ». En particulier,  l’azithromycine, des corticoïdes, l’aspirine, des antiviraux, le zinc ou encore diverses vitamines seraient actuellement utilisés « alors qu’il n’existe pas de preuves de leur bénéfice clinique spécifique dans l’infection à SARS-Cov-2 », déplore le CNGE. En mars 2020, le Collège avait pourtant déjà préconisé de ne pas traiter les patients Covid + par l’hydroxychloroquine ou l’azithromycine « en l’absence de données probantes sur leur efficacité ».

Pas de corticoïdes ou d'anticoagulation préventive en ville

Cette recommandation – ne pas prescrire de médicaments hors AMM contre le Covid-19 – vaut d’ailleurs également pour les corticoïdes, insiste le CNGE. L'intérêt clinique de ces médicaments n'a jusqu’à présent été prouvé qu'à l'hôpital,« chez les patients […] avec détresse respiratoire nécessitant une oxygénothérapie », précise en effet la société savante. En l’absence de preuve d'efficacité chez les patients non oxygénorequérants pris en charge en ville, la balance bénéfice/risque de ce genre de médicaments reste donc défavorable dans cette population.

Par ailleurs, si, en raison d’un risque accru d’évènements thromboemboliques associé au Covid-19, l’anticoagulation préventive par HBPM est, elle, préconisée par le HCSP chez les patients présentant à la fois des facteurs de risque de maladie thromboembolique veineuse et une réduction de mobilité, le Collège prône toutefois la prudence. « Cette recommandation nécessiterait d’être confirmée par un essai clinique randomisé en ambulatoire », plaide-t-il.

Des essais cliniques en cours en ambulatoire

Au total, en ville, aucun médicament n’a à être prescrit dans la prise en charge du Covid-19 en dehors d’antipyrétiques tels que le paracétamol. Du moins pour le moment : dans le futur, des médicaments pourraient arriver en ville pour la prise en charge de la phase précoce de l’infection à SARS-CoV-2 si toutefois les essais cliniques randomisés nationaux en cours tels que Coverage concluaient à leur efficacité.


Source : lequotidiendumedecin.fr