L'expérimentation lancée par le Fonds français pour l'alimentation et la santé (FFAS) sur le nouvel étiquetage nutritionnel a du plomb dans l'aile. Après d'autres, le Collège de la médecine générale (CMG) a dénoncé jeudi la "méthode discutable" du test en cours comparant quatre étiquetages nutritionnels actuellement mené dans 40 supermarchés français.
Selon l'instance que préside Pierre-Louis Druais, l'expérimentation lancée fin septembre n'est qu'un "prétexte" pour "enterrer" l'un des systèmes, le Nutriscore ou 5 couleurs (5C), pourtant élaboré par une équipe de l'Inserm et recommandé par le Haut Conseil de la santé publique. Très sévère sur le processus, le Collège pointe de sérieux conflits d'intérêts, jugeant que le test "ne répond pas aux bonnes pratiques de la recherche scientifique", puisque l'étude est pour moitié "financée par les industriels".
Au nom de "la santé des citoyens", le CMG demande que le logo Nutriscore, "compréhensible par tous", "soit appliqué immédiatement". Ce logo calcule le "score nutritionnel" de chaque aliment en donnant des points positifs pour les éléments bons pour la santé (fibres, vitamines, etc.) et des points négatifs pour les facteurs de risque (sel, graisses, sucres). Cela se traduit ensuite par une note entre A et E et une couleur allant du vert au rouge. "Ce serait une première approche pour améliorer la qualité des produits alimentaires proposés au grand public", plaide le Collège.
De fait, ce système n'a pas été abandonné, mais il est testé jusqu'à début décembre aux côtés de trois autres: Sens, proposé par les distributeurs à partir des travaux d'une équipe de l'Inra, Nutri Couleurs, basé sur le système dit "feux tricolores" en vigueur au Royaume-Uni, et Nutri Repère, proposé par les industriels.
Le Collège de la médecine générale n'est pas le seul à s'inquiéter. L'ONG Foodwatch a en effet lancé une pétition adressée à Marisol Touraine, intitulée "Logos nutritionnels: arrêtez cette mascarade". Le test en cours est par ailleurs étrillé par des chercheurs de l'Inserm qui ont rendu public vendredi des "anomalies" relevées dans cinq des magasins testeurs. D'après le Dr Chantal Julia, membre de l'équipe de recherche, seule "un peu plus de la moitié des aliments des rayons pain-viennoiseries et traiteur frais et un quart du rayon plats préparés d'épicerie étaient étiquetés". Et sur l'ensemble des marques présentes dans les rayons testés, moins de 40% sont étiquetées, note le Dr Julia, soulignant que des marques emblématiques de certains rayons ne participent pas à l'étude. Son équipe relevait enfin une disparité entre les quatre systèmes comparés "au détriment du Nutriscore": pour ce dernier, seuls 30% des produits seraient étiquetés, contre 46% à 59% pour les autres systèmes testés...
Démarrée le 26 septembre, l'expérience, effectuée à la demande du ministère de la Santé, vise à voir lequel est le plus efficace pour orienter les achats des consommateurs vers des produits plus équilibrés. Industriels et distributeurs seront ensuite libres d'utiliser ou pas le logo finalement retenu par les autorités sanitaires.
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