Au chevet des plaies complexes

En Alsace, un projet de télémédecine bien pansé

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Publié le 30/06/2016
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Souvent récidivantes, longues et difficiles à soigner, les plaies chroniques ou complexes touchent deux millions et demi de Français et coûtent chaque année un milliard d'euros de dépenses en soins infirmiers et pansements.

Or, certaines d’entre elles pourraient guérir beaucoup plus vite avec des traitements plus adaptés. Partant de ce constat, le Dr Françoise Mantz, chirurgien vasculaire libérale à Strasbourg, a lancé Telecical, plateforme de télémédecine visant offrir aux patients un traitement adapté à la cicatrisation des plaies complexes ou chroniques sans se déplacer. Plusieurs structures alsaciennes de promotion de la e-santé lui ont permis de concrétiser ce projet. Le Dr Mantz a obtenu le soutien de la Caisse d’Epargne d’Alsace avec un financement de 50 000 euros par an.

Encore en phase expérimentale, Telecical permet à deux maisons de santé à Strasbourg et à Provenchères-sur-Fave (Vosges), un service d’hospitalisation à domicile et un établissement spécialisé dans le handicap d’obtenir des expertises pour le traitement à distance des plaies chroniques et/ou complexes. Grâce à un logiciel spécifique, les soignants de ces établissements peuvent envoyer, par smartphone, des photos de ces plaies aux médecins et infirmiers de Telecical, qui les analysent et donnent leur avis. Certaines plaies peuvent évoluer favorablement en modifiant par exemple les pansements. D’autres réclament des examens plus approfondis. Dans ce cas, les experts de la plateforme peuvent être secondés par d’autres spécialistes du CHU de Strasbourg. Les patients peuvent donc bénéficier, sans déplacement à l'hôpital, d’un diagnostic spécialisé. Selon les cas, les experts médicaux et paramédicaux peuvent intervenir en temps réel ou en différé.

Une amélioration dans deux tiers des cas

Telecical a déjà analysé une quarantaine de plaies et permis une amélioration de la situation dans deux tiers des cas. D’ici à septembre, la plateforme espère pouvoir fonctionner à plein et disposer d'un financement pérenne.

Actuellement, les médecins et soignants experts fournissent des diagnostics ou donnent des conseils sans que leurs actes bénéficient d’une cotation spécifique. Cette situation devrait bientôt évoluer, affirme Aurélien Michot, ingénieur hospitalier à Strasbourg et gestionnaire du projet. Les décrets d’application permettant ces prises en charge ont été publiés le mois dernier. Il n’est toujours pas prévu, en revanche, d’honorer les médecins et soignants requérants pour leurs réalisations et envois de photos.

De notre correspondant Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du médecin: 9509