Face aux opérateurs nationaux de télémédecine qui lèvent des fonds à coups de millions d’euros, l’URPS médecins libéraux de Nouvelle-Aquitaine a pris le contrepied. Elle a entièrement conçu et développé la plateforme monmedecin.org, qui se déploie à grande échelle dans la région depuis 2020, à la faveur de l’avenant sur la télémédecine et de la crise du Covid.
« Notre volonté était de doter les médecins libéraux de la région d’une solution alternative, faite par eux et pour eux, basée sur l’accès aux soins, la coordination et pouvant s’intégrer aux CPTS du territoire, explique le Dr Philippe Arramon-Tucoo, président de l’URPS ML. Cela a représenté un travail intensif et c’est notre plus gros investissement sur la dernière mandature. »
Plusieurs modules
Au départ tourné vers la seule téléconsultation, la solution se décline désormais en plusieurs modules pour le praticien utilisateur : la téléconsultation, sans prise de rendez-vous ou programmée, avec paiement sécurisé en ligne possible ; la télé-expertise ; les « e-RCP », permettant d’inclure à distance le médecin traitant dans les réunions de concertation pluridisciplinaire concernant ses patients ; et la prise de rendez-vous en ligne, incluant l’agenda partagé des CPTS pour les soins non programmés. Le praticien peut également échanger des documents avec son patient avant ou pendant la téléconsultation.
Interopérable avec les logiciels du cabinet, la plateforme s’articule avec l’outil régional numérique de coordination « Paaco-Globule », qui favorise le partage d’informations entre professionnels du secteur médical, médico-social et social.
Un millier de médecins dans la boucle
Au départ proposé gratuitement, monmedecin.org fonctionne désormais sur abonnement avec trois formules possibles – à 30 euros (environ 200 téléconsultations par an), 60 euros (1 000 téléconsultations à l’année) ou 110 euros (illimité) par mois. Des tarifs à prix coûtant et « deux à trois fois moins chers » que ceux proposés par les opérateurs nationaux, avec la même qualité d’image, souligne le Dr Arramon-Tucoo. Quant aux données de santé, elles restent dans le giron de la plateforme maison et ne sont ni revendues ni utilisées à d’autres fins, assure le radiologue bayonnais.
Depuis le lancement de la plateforme, un millier de médecins – dont une large majorité de généralistes – l’ont utilisée dans la région et réalisé quelque 50 000 téléconsultations. Le Dr Jean-Luc Delabant, généraliste à Bordeaux, est l’un d’entre eux. Il salue un outil « simple et éthique » qui colle aux exigences du terrain car « pensé et géré par la profession plutôt que par des start-up avides ». « Pendant la crise Covid, cela nous a rendu des services énormes grâce à la téléconsultation immédiate, témoigne l’élu au bureau de l’URPS ML. Cela nous a permis de continuer les consultations à distance pour les soins non programmés. Par exemple, une patiente qui appelait pour une cystite, il suffisait de lui envoyer un SMS, elle recevait un lien sur son smartphone et la téléconsultation démarrait, me permettant d’évaluer la situation. »
À l’heure où va s’ouvrir une nouvelle mandature, l’URPS Nouvelle-Aquitaine ambitionne de diffuser sa solution numérique le plus largement possible et souhaite développer l’usage régional de la télé-expertise, pour l’instant limité. « Nous sommes en train de préparer des cas d’usage de la télé-expertise pour les différentes spécialités médicales, afin de booster les recours », confie le Dr Philippe Arramon-Tucoo. Autres objectifs : l’ouverture à d’autres professionnels de santé – notamment les infirmiers ou les kinés – voire le déploiement à d’autres régions.
Article précédent
En Bourgogne-Franche-Comté, une appli pour mieux gérer les crises sanitaires
Article suivant
En région toulousaine, généralistes et psychiatres main dans la main pour la santé mentale
En Bourgogne-Franche-Comté, une appli pour mieux gérer les crises sanitaires
En Nouvelle-Aquitaine, une plateforme de télémédecine conçue par et pour les libéraux
En région toulousaine, généralistes et psychiatres main dans la main pour la santé mentale
Dans les Hauts-de-France, des attachés d'information pour parler à l'oreille des médecins
Sur l'île de Beauté, la télédermatologie bien dans sa peau
En Centre-Val de Loire, l'exercice coordonné à grande échelle
Dans le Grand Est, une alternative libérale aux urgences
En Auvergne-Rhône-Alpes, le carnet de vaccination électronique cartonne
En PACA, l'entraide confraternelle quand rien ne va plus
En Bretagne, la coordination renforcée pour réussir le virage ambulatoire
En Ile-de-France, aides à l'installation et soutien immobilier pour porter les cabinets de groupe
En Pays de la Loire, la cotation d'actes techniques devient un jeu d'enfants pour les généralistes
En Normandie, le Médicobus roule contre le désert médical
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier