Transformer les pratiques médicales face au coronavirus

L'ARS booste la téléconsultation dans les Hauts-de-France

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Publié le 12/05/2020
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6000 médecins des Hauts-de-France utilisent le dispositif de téléconsultation que l'agence régionale de santé (ARS) a déployé début mars pour les aider à soigner.

Crédit photo : PHANIE

« En matière de téléconsultation, on a avancé d'un siècle en un mois ». C'est l'un des éléments positifs de l'épidémie de coronavirus dans les Hauts-de-France, relevé par le Dr Christophe Fumery, généraliste à Bresles, dans l'Oise. Depuis la mi-mars, l'agence régionale de santé (ARS) a accéléré le déploiement de la téléconsultation en s'appuyant sur son programme régional de transformation numérique Prédice, projet unique en son genre porté par un groupement de coopération sanitaire (GCS) et coconstruit avec les professionnels de santé, dont les médecins libéraux de l'URPS.

Le Dr Fumery est l'un des 6 000 praticiens utilisateurs de l'outil. Au tout début de la crise sanitaire, ce médecin de famille cherchait un moyen de limiter son exposition au risque de contamination lorsqu'il a reçu un email de l'ARS lui proposant d'adopter gratuitement l'outil de téléconsultation inclus dans Prédice. « Au début, le service buggait parfois, on a essuyé les plâtres », raconte le généraliste. Autre inconvénient : l'outil de téléconsultation n'est pas interopérable avec son logiciel métier, ce qui l'oblige à saisir les données d'identité de chaque patient. Il doit également expliquer à chacun, la première fois, comment l'outil fonctionne. Mais aujourd'hui, il réalise 20 à 30 téléconsultations par jour. Il en a fait environ 600 en tout. Certes, cela ne remplace pas une consultation ordinaire, qui reste parfois nécessaire mais, apprécie le médecin, « on voit la personne, on se rend compte de la manière dont elle reçoit ce qu'on lui dit, on peut lui montrer des images ou lui transmettre des documents », notamment des prescriptions. 

40 000 consultations à distance

La satisfaction du Dr Fumery traduit le besoin des médecins de terrain auquel l'ARS a voulu répondre en leur proposant rapidement cet outil de téléconsultation, qui était dans les tuyaux de Prédice. « Deux jours après la première alerte Covid dans l'Oise, lors de laquelle beaucoup de médecins nous ont interpellés, nous avons commencé à travailler sur le déploiement de l'outil », raconte Gwen Marqué, directeur adjoint de la stratégie et des territoires à l'ARS. La montée en charge rapide de l'utilisation de l'outil par la communauté médicale a obligé le GCS à quadrupler la capacité des plateformes par lesquelles transitent les données.

Depuis un mois et demi, 1 500 à 2000 médecins sont devenus des utilisateurs réguliers de l'outil et plus de 40 000 téléconsultations ont été effectuées. Un chiffre qui montre, Selon Gwen Marqué, que cet outil a permis le déploiement accéléré de la téléconsultation dans cette région. La simplicité de l'utilisation (des tutoriels ont été fournis et une hotline ouverte) mais aussi le caractère sécurisé des échanges ont séduit les utilisateurs, estime la tutelle sanitaire. La dimension non commerciale du projet et sa gratuité ont également joué en sa faveur : certains médecins ont peu apprécié la surenchère financière de leurs éditeurs de logiciels professionnels qui leur proposaient eux aussi un dispositif de téléconsultation. Autre point fort du dispositif Prédice : l'enrichissement de l'outil par le suivi à domicile des patients Covid-19, ouvert fin avril. Depuis son lancement, l'ARS a également proposé Prédice aux médecins hospitaliers, aux sages-femmes, kinés et orthophonistes libéraux ainsi qu'aux professionnels du monde médicosocial. 

De notre correspondante Géraldine Langlois

Source : Le Quotidien du médecin