Dr Jacques Battistoni, nouveau président de MG France

« Le premier combat est celui de la visite à domicile »

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Publié le 07/12/2017
Battistoni

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Crédit photo : AFP

LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN : Après la consultation à 25 euros, y a-t-il d'autres combats tarifaires à mener ?

Dr JACQUES BATTISTONI : Oui ! Le premier est celui de la visite à domicile. Les généralistes en font beaucoup moins qu’avant ; or, si on souhaite qu'ils continuent, ce qui est indispensable pour la population et le maintien à domicile des personnes âgées, il est important de valoriser cette visite. C'est pourquoi nous demandons un élargissement de l'application de la visite longue (VL), qui a été introduite depuis le 1er novembre dans les actes très complexes pour les patients atteints de maladies neurodégénératives et facturée 70 euros (dont 10 euros de déplacement). Toutes les visites aux patients dépendants doivent être honorées comme celles aux patients atteints de troubles cognitifs. C’est une revendication prioritaire.

En parallèle, il ne faudra pas que la valeur de notre acte de base s’effrite. Ce serait un signal négatif pour les médecins. Ce tarif, qui sera celui de l’activité en demande de soins non programmés, devra s’adapter au coût de la vie et de la pratique.

Avez-vous déjà des revendications sur la ROSP ou les forfaits ?

Un de nos objectifs est d’avoir une part plus importante de ROSP [rémunération sur objectifs de santé publique] et de forfaits dans la rémunération en passant de 15 % actuellement à 30 %.

Mais pour le moment, nous sommes surtout vigilants sur l’application du forfait structure et de la ROSP, dont c'est la période de déclaration des indicateurs. Par exemple, l'une des conditions pour bénéficier du forfait structure est d'avoir un dossier médical partagé ; mais un certain nombre d'éditeurs de logiciels considèrent qu’il faut payer des applications pour y accéder. Pourtant, la caisse a assuré qu’il suffisait de se connecter une fois sur l’espace de confiance du DMP pour accéder à cet item…

Nous regarderons aussi de près la mise en place du « forfait patientèle médecin traitant » début 2018. Il y a un travail de pédagogie nécessaire auprès des médecins, notamment pour qu'ils fassent la déclaration.

La négociation sur la tarification de la télémédecine s’ouvrira dès janvier. Comment l’abordez-vous ?

Avec une idée simple : la télémédecine, et notamment la télé expertise, ne doit pas rémunérer que le médecin expert, mais aussi le médecin requérant ! Le travail de recueil des éléments d’appréciation est aussi important que le travail d’expertise du médecin qui donne un avis. Nous irons à la négociation en demandant une rémunération équilibrée entre le médecin requérant et le praticien expert. La télémédecine n’est pas seulement pour le spécialiste, elle doit bénéficier aussi au généraliste. Je n’ai pas de revendication particulière quant au montant de cet acte, j’espère que nous partirons des tarifs existants pour la télémédecine en EHPAD [qui sont ceux d’une consultation classique à 25 euros avec d’éventuelles majorations, NDLR].

 

Propos recueillis par Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin: 9625