Soigner dans les déserts et en milieu extrême

Les mallettes high tech, nouveaux yeux des médecins

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Publié le 25/09/2019
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Plusieurs entreprises spécialisées dans le numérique s'organisent pour répondre à la désertification médicale. Des valises médicales connectées embarquées par des pompiers ou des paramédicaux permettent aux médecins d'assurer une permanence des soins dans les zones les plus difficiles d'accès.

En visite sa mallette à la main : une image d'antan ?

En visite sa mallette à la main : une image d'antan ?
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Adieu la bonne veille mallette médicale en cuir, bonjour la valise médicale connectée !

De plus en plus de praticiens s'équipent d'outils sophistiqués pour prendre en charge leurs patients dans les déserts médicaux ou pour les urgences. En Dordogne, face au manque de praticiens dans le nord du département, le centre hospitalier de Périgueux – qui héberge les urgences et le centre 15 – fait appel depuis un an à une équipe de pompiers du SDIS comme effecteurs pour les déplacements à plus de 30 minutes du site hospitalier. « Nous avons un seul hélicoptère. Nous sommes 14 urgentistes pour 28 postes possibles. Nous souhaitions nous servir de la télémédecine pour éviter les sorties SMUR inutiles », explique au « Quotidien » le Dr Vincent Lacoste, urgentiste à Périgueux. Produite par Alrena technologies, la smart medicase est une mallette rigide, tout terrain, équipée d'une caméra, d'un micro intégré et d'un équipement médical high-tech.

Éviter les urgences

À réception d'un appel, le centre 15 détecte immédiatement la zone potentielle d'intervention. Si elle s'avère trop loin, le centre SDIS de Nontron, à 50 km de là, est mis sur l'affaire. « Une soixantaine d'infirmiers-pompiers et conducteurs ont été formés à l'utilisation de la mallette », assure Richard Kletzkine, président d'Alrena technologies. Une fois sur place, l'équipe de pompiers déclenche la caméra de la mallette permettant au médecin du CH de Périgueux de suivre l'intervention à distance. Une batterie d'outils peut être utilisée à la demande du praticien : analyses de sang en 15 minutes, échographie, électrocardiographe. « En un an, sur les 250 interventions, un tiers des patients ont été réorientés vers la médecine de ville ou sont restés à domicile au lieu de partir aux urgences. 53 personnes ont été sauvées », se félicite son concepteur.

Alrena technologie souhaiterait développer la smart medicase dans les ambulances afin qu'elles deviennent connectées et que le patient puisse être suivi sur le trajet le menant à un établissement.

La société française Nomadeec s'est déjà bien implantée sur ce créneau-là. Elle propose un service de télérégulation médicale mobile. Le système repose sur des ambulanciers. Ils embarquent une valise équipée d'une tablette et d'outils connectés permettant de réaliser sur le terrain des bilans directement envoyés aux médecins régulateurs des SAMU. Ils deviennent les yeux des médecins. La visioconférence est aussi possible. « Une soixantaine de SAMU sont déjà équipés. Dans la Vienne, cela répond à la pénurie de praticiens, au manque de médecins correspondants du SAMU et à l'absence de SOS médecins », commente le Dr Louis Rouxel, directeur médical de Nomadeec. Le département revendique 6 000 actes en trois ans.

Les infirmiers de Papeete mobilisés

Dans la même veine, Parsys télémédecine a mis au point une station de télémédecine sous la forme d'une valise intégrant toute une panoplie d'outils (ECG, oxymètre, tablette, tensiomètre, vidéo) pour soigner en milieu extrême. Ainsi, 600 bateaux de la compagnie maritime CMA CGM, armateur de porte-conteneurs français et de l'IFREMER sont équipés de ce système « facile d'utilisation ». « Sur le bateau, le réseau satellitaire est utilisé pour joindre un urgentiste ou un hospitalier du centre de consultation médicale maritime adossé au SAMU de Toulouse qui conduit la consultation », précise Jean-Louis Schmitlin, président de Parsys. Autre exemple : en Polynésie, les infirmiers des îles et atolls trop éloignés de Papeete sont équipés de cette même valise mobile pour communiquer avec des médecins urgentistes de Tahiti.

 

 

Sophie Martos

Source : Le Quotidien du médecin