Dr Olivier Mermet (SFAP)

Fin de vie : « Le médecin généraliste ne doit pas rester isolé »

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Publié le 09/02/2017
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LE QUOTIDIEN : Quel rôle le médecin généraliste peut-il jouer dans la prise en charge de la fin de vie ?

Dr OLIVIER MERMET : Lorsqu’il n’est pas impliqué dans le diagnostic, le rôle du médecin généraliste est avant tout de réinformer le patient et son entourage en s’assurant qu’ils aient bien compris toutes les implications qui découlent de cette annonce, notamment concernant les traitements envisagés et leurs conséquences sur la qualité de vie du patient. Il peut également être partie prenante dans les adaptations du cadre de vie rendues nécessaires par l'état de santé du patient et être sollicité pour tout ce qui relève des démarches administratives liées aux assurances, aux attestations destinées à l’employeur, etc. Il est aussi certainement le mieux placé pour sensibiliser les patients à l’importance de la rédaction de directives anticipées dont le principe reste encore largement méconnu par le public. D’une manière plus générale, la connaissance de son patient et la relation de confiance qu’il a su instaurer avec lui font du médecin généraliste un acteur important de la prise en charge de la fin de vie. Il est d’ailleurs primordial que les équipes hospitalières en soient pleinement conscientes et qu’elles maintiennent un lien étroit avec ce dernier, dans l’intérêt du patient.

Dans ce contexte, la relation ville-hôpital fonctionne-t-elle correctement ?

Il y a toujours des améliorations possibles et l’on peut encore constater que, trop souvent, des décisions pourtant dénommées « collégiales » sont prises sans l’avis du médecin traitant. Je pense qu’il faut, avant tout, instaurer un respect mutuel entre médecins hospitaliers et médecins de ville pour que l’articulation de la place de chacun dans la prise en charge de ces patients fonctionne au mieux. Quand il n’est pas directement celui qui annonce le diagnostic, le médecin généraliste est parfois confronté à la situation inverse où son patient lui apprend la nouvelle sans qu’il ait été préalablement prévenu. Un simple appel téléphonique en amont permettrait pourtant d’éviter ce genre de situation inconfortable.

Les généralistes sont-ils correctement formés à ce type de prise en charge ?

Il existe des modules de formation continue à la prise en charge des situations de fin de vie qui apprennent notamment aux généralistes à avoir le bon discours et à s’engager dans une démarche de vérité avec son patient. Ces modules sont d’autant plus utiles que leur formation de base ne permet pas encore aux médecins d’être suffisamment formés à toutes les techniques de lutte contre la douleur et à la prise en charge de symptômes associés qu’ils peuvent ne pas savoir interpréter et donc avoir tendance à occulter. Il est également essentiel que le médecin ne reste pas isolé dans de telles situations et qu’il s’entoure d’une équipe de soins primaires avec laquelle il pourra se concerter et discuter des décisions à prendre, notamment lors de la phase palliative. Ces réunions de coordinations font gagner beaucoup de temps dans un contexte où ce type de prise en charge est chronophage et où la nomenclature n’est absolument pas adaptée. Enfin, le médecin généraliste ne doit pas hésiter à recourir aux structures spécialisées en soins palliatifs qui existent dans chaque région ou à se tourner vers la SFAP qui l’orientera à bon escient, en fonction de sa demande ou de ses interrogations.

Propos recueillis par Benoît Thelliez

Source : Le Quotidien du médecin: 9554