Marché du médicament remboursable en ville

Hausse comprise entre 0,6 et 0,9 % en 2008 selon le LEEM

Publié le 15/01/2009
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LORS DE LA PRÉSENTATION de ses vœux, Christian Lajoux, président du LEEM (Les Entreprises du Médicament, le syndicat patronal de l’industrie pharmaceutique), a ouvert son intervention par les chiffres de la croissance 2008 du marché du médicament remboursable en ville : « L’année qui vient de s’achever, a-t-il indiqué, est sans précédent pour l’industrie pharmaceutique. En effet, 2008 a vu la croissance du marché stagner entre + 0,6 et + 0,9 % ». Christian Lajoux n’était pas en mesure d’être plus précis, les résultats de décembre 2008 « n’étant pas encore consolidés ». Mais pour le patron du LEEM, la messe est dite, ces chiffres sont mauvais, et il en veut pour preuve supplémentaire le fait qu’ils sont « inférieurs au seuil de 1,4 % fixé pour le médicament dans la loi de financement de la Sécurité sociale » de 2008. Quant aux prévisions pour 2009, elles ne sont guère plus réjouissantes et Christian Lajoux situe la hausse du marché remboursable « aux alentours de 1 %, pour une croissance globale (incluant les médicaments non remboursables et l’hôpital) d’environ 2 % ». Certes, la loi de financement de la sécurité sociale 2 009 « peut apparaître neutre pour l’industrie » en matière de participation au redressement des comptes sociaux, concède Christian Lajoux, mais c’est pour rappeler aussitôt que cette neutralité coûtera tout de même aux industriels la bagatelle de 1,2 milliard d’euros de taxes diverses.

Mutation.

Pas de quoi se réjouir donc, d’autant que Christian Lajoux semble se lasser du rôle de Cassandre qu’il endosse depuis quelques années. Le patron du LEEM prophétise en effet depuis son accession à la tête de l’organisation les déboires que vit actuellement l’industrie pharmaceutique, et a rappelé lors de ses vœux que 27 plans de restructuration avaient eu lieu dans le secteur en 2008, contre 17 seulement en 2007 : « Tout ce que nous avions annoncé

s’est produit », a-t-il indiqué, ajoutant que ces événements étaient même survenus « plus vite encore que prévu ». Ces restructurations s’accompagnent évidemment de plans de licenciements, mais le patron du LEEM estime néanmoins que l’industrie pharmaceutique vit plus une période de « mutation, de transformation », que de crise à proprement parler : « Le modèle économique des block-busters (médicaments phares rapportant plus d’un milliard de dollars par an) d’origine chimique à spectre large, et fortement soutenu par une visite médicale auprès des généralistes, s’estompe », a-t-il rappelé, précisant au passage que les segments de marché en croissance sont « principalement les génériques, les produits issus des biotechnologies (et donc souvent d’administration hospitalière) et les produits d’automédication ».

Mais tout n’est pas noir dans cette année 2009 qui débute, et Christian Lajoux estime que, face à la crise financière mondiale, son secteur d’activité « fait partie des solutions de sortie de crise, car le médicament est une réponse de santé qui génère de la richesse et de la croissance ». Le patron du LEEM rappelle à ce sujet que le médicament constitue en France un poste important de nos exportations, avec un solde excédentaire de 6 milliards d’euros.

Autant de bonnes raisons pour l’industrie pharmaceutique d’insister auprès des pouvoirs publics pour que se tienne rapidement le prochain CSIS (Conseil stratégique des industries de santé). Cette instance réunit en son sein, sous l'autorité du Premier ministre, les ministres chargés de la Santé, de l'Industrie et de la Recherche, ainsi que les dirigeants de six grandes entreprises pharmaceutiques françaises et étrangères implantées sur le sol français. Chargé de définir et de mettre en place les conditions d'une meilleure attractivité de la France dans le domaine des industries de santé, le CSIS s’est réuni pour la première fois en 2004, puis en 2005 et en 2007. Il devait à nouveau se réunir en 2008 mais il ne figure toujours pas à l’agenda du Premier ministre. « La demande de l’industrie pharmaceutique d’un dialogue au plus haut niveau avec l’Etat dans le cadre d’un CSIS n’a pas pour objectif de présenter une litanie de réclamations, mais de décider quelques actions créatrices d’emploi et de valeur dans un modèle économique du XXIe siècle, et concourant à la relance économique », a notamment précisé Christian Lajoux lors de ses vœux. Le LEEM croise les doigts et espère que ce CSIS pourra se tenir au cours du premier semestre 2009.

 HENRI DE SAINT ROMAN

Source : lequotidiendumedecin.fr