Un an après le lancement du programme national d'actions pour améliorer l'accès à l'interruption volontaire de grossesse (IVG), la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé que l'intégralité du parcours (consultations, examens de biologie médicale et échographies précédant et suivant l'IVG elle-même), sera remboursée à 100 % à partir du 1er avril 2016. L'IVG est intégralement remboursée depuis le 31 mars 2013.
Plus de 6 000 appels reçus en trois mois
La ministre s'est rendue ce 15 janvier dans le centre du Planning familial du 2e arrondissement de Paris, victime en juillet 2015 des anti-IVG, pour faire le bilan du plan. « La plupart des mesures sont entrées en application, notamment celles concernant l'information des femmes », a-t-elle déclaré.
Le Planning familial, qui gère le numéro Vert national et gratuit (0. 800.08.11.11), lancé le 28 septembre 2015 recense 6 000 appels traités, jusqu'à 140 par jour. « C'est supérieur aux attentes », commente Veronica Noseda, coordinatrice nationale du Planning. Les communications durent en moyenne 8 minutes, et 60 % sont motivées par une visite sur Internet. « Les personnes ont besoin d'être écoutées », poursuit la responsable, qui estime à plus de la moitié des requérants les jeunes entre 18 et 24 ans. « L'IVG est le premier motif d'appel (à 50 %), la contraception arrive derrière (35 %), suivie par les questions sur la sexualité (15 %) ; souvent l'IVG est une porte d'entrée à des discussions plus approfondies », poursuit Veronica Noseda.
Le site ivg.gouv.fr a vu le nombre de ses visites doubler (entre 160 000 et 180 000 par mois) lors de la campagne d'information « IVG, mon corps, mon choix, mon droit ». Marisol Touraine a indiqué qu'un travail approfondi de référencement, financé par le gouvernement, y était mené, notamment pour endiguer les campagnes de désinformation des sites anti-IVG.
Le cahier des charges des centres attendu
La loi de santé, dont la promulgation est attendue « d'ici à la fin du mois », a précisé la ministre, permettra de supprimer le délai de réflexion entre les deux consultations préalables à l'IVG, et autorisera les sages-femmes à réaliser des IVG médicamenteuses, et les centres de santé, à pratiquer des IVG instrumentales. « La Haute Autorité de santé est chargée d'émettre des recommandations en matière notamment de sécurité et d'organisation pour les centres de santé ; elles seront remises dans les prochains mois », a dit Marisol Touraine.
Il reste encore à l'ensemble des agences régionales de santé (ARS) l'obligation de formaliser avant l'été un programme régional pour améliorer l'accès à l'IVG. Quant à l'élaboration d'une procédure pour les IVG tardives (entre 10 et 12 semaines de grossesse), confiée aux réseaux de santé en périnatalité, « le travail est en cours » a indiqué Marisol Touraine. En Ile-de-France, cette procédure existe déjà, explique au « Quotidien » Véronique Séhier, co-présidente du Planning familial : les femmes sont réorientées vers les urgences gynécologiques de l'hôpital Trousseau.
Des inégalités territoriales
Les responsables du Planning familial reconnaissent « les avancées » apportées par le plan et la loi santé, mais déplorent encore de fortes inégalités territoriales. « Toutes les ARS ne sont pas en ordre de marche », note Véronique Séhier. Malgré la circulaire de juillet 2015 rappelant aux ARS leurs obligations en matière d'accès à l'IVG, « les blocs ferment autour du 15 août et les femmes n'ont pas toujours le choix de la méthode », souligne Danielle Gaudry, du Planning familial 94.
Enfin, l'association espère la fin de la « double clause de conscience » sur l'IVG, « un symbole pour destigmatiser l'IVG et en faire un acte comme un autre », rappelle Véronique Séhier
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