Recompositions hospitalières

Bilan d’une décennie de restructurations

Publié le 21/01/2009
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UNE ÉTUDE, commandée par le groupe bancaire Dexia et pilotée par « la nouvelle fabrique des territoires », une société de conseil, présente les recompositions hospitalières menées en France entre 1995 et 2005. Soit un total de 1 146 opérations, impliquant 1 251 établissements. Des fermetures (199), des conversions (426), mais aussi des fusions (158), des regroupements sur site (64), des coopérations et redistributions d’activité (99).

Les résultats présentés, chiffres et cartes à l’appui, confirment des idées reçues. Par exemple, le secteur hospitalier privé s’est davantage restructuré que le secteur hospitalier public. En dix ans, un tiers des établissements privés ont disparu, contre 4 % dans le secteur public. Sous l’effet de cette concentration, la taille des cliniques a augmenté. Leur spécialisation en chirurgie s’est renforcée : en 2006, le privé a pris en charge 66 % de la chirurgie, et 90 % de la chirurgie ambulatoire.

Les auteurs de l’étude soulignent, à propos de la chirurgie, qu’il reste « au moins une centaine d’établissements publics et privés en France à se trouver actuellement dans des tranches de taille ne permettant pas une activité soutenable ». Les restructurations à venir, ajoutent-ils, « doivent désormais prendre en compte les questions d’accessibilité autant que de qualité, car l’une et l’autre sont liées ». En 2005, les zones à plus de 45 minutes de voiture d’un site hospitalier étaient peu nombreuses - Morvan central, plateau de Cerdagne, région de Barcelonnette dans les Alpes de Haute-Provence , Haute-Corse, Sud de l’Aube...-  Fermer les petits plateaux techniques restants multiplierait ces zones, et entamerait l’égalité dans l’accès aux soins, mettent en garde les auteurs de l’étude.

Recompositions « désordonnées »

L’éternel débat entre proximité et sécurité concerne aussi l’obstétrique. L’enquête rappelle que 127 maternités ont fermé depuis 1995 (voir carte ci-contre). « Il est significatif de constater que les petites maternités qui demeurent, celles de moins de 500 accouchements, sont localisées en zone montagneuse et/ou isolée. Les marges d’action possibles sur ces établissements sont certainement limitées », indique l’étude. Le niveau d’activité, autrement dit, ne devrait pas être l’unique critère à dicter les futures restructurations.

Emmanuel Vigneron, copilote de l’étude, considère qu’il reste une trentaine de recompositions hospitalières de grande ampleur à mener sur le territoire français. « Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de vision d’ensemble au niveau national pour piloter ces restructurations, ni de texte qui aurait dessiné la carte hospitalière française pour les vingt prochaines années, déplore-t-il . Les recompositions ont été nombreuses mais désordonnées. À l’avenir, il faut une stratégie claire. D’autant plus avec les communautés hospitalières de territoire (CHT) qui se profilent, une fois que la loi HPST (Hôpital, patients, santé, territoires) sera votée ».

 DELPHINE CHARDON

Source : lequotidiendumedecin.fr