Les généralistes hésitent à entrer en guérilla tarifaire

C à 25 euros : pas si simple sur le terrain

Publié le 21/01/2016
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

« Désobéissance tarifaire », C à 25 euros « tout de suite », recours large au dépassement pour exigence particulière (DE), supplément en cas de consultation à motifs multiples : depuis janvier, plusieurs syndicats ont (re)lancé la bataille des honoraires avec l’objectif d’obtenir ces hausses de tarifs de gré ou de force.

Sur le papier, le calendrier est idéal. Cette guérilla tarifaire vise d’abord à accroître la pression sur l’assurance-maladie et le gouvernement à la veille de la renégociation décisive de la convention médicale pour cinq ans (lire aussi page 5), à partir de février.

Cinq ans... c’est également la durée du blocage (toujours en cours) du tarif facial du C, figé à 23 euros depuis le 6 janvier 2011 ! Les syndicats dénoncent ce quinquennat « sans revalos » de l’acte de base même si la CNAM calcule de son côté que la « valeur réelle » de la consultation généraliste s’élève à 31,49 euros (ci-dessous), en incluant les divers forfaits, majorations et avantages sociaux.

Volonté d’en découdre

Chez les médecins, qui n’ont pas digéré le vote de la loi de santé et la généralisation du tiers payant, la volonté d’en découdre n’est pas retombée, en cette année de précampagne présidentielle.

Selon une récente enquête intersyndicale* (UNOF, FMF, MG France) mesurant « l’envie de mobilisation », près d’un praticien sur deux (45 %) se déclare déterminé à participer à une action tarifaire (23 % des médecins rejettent cette hypothèse, un tiers sont indécis). Les généralistes déterminés à franchir le Rubicon plébiscitent les mots d’ordre autour de la consultation à 25 euros, l’application d’une majoration variable sur le C, le CS ou la visite.

Sur le terrain, la réalité est plus délicate. Peur du gendarme, rejet de toute augmentation unilatérale des tarifs, sentiment de se battre « pour des clopinettes », refus de se lancer tout seul : malgré leur ras-le-bol, les nombreux médecins que « le Quotidien » a interrogés expriment leur réticence à franchir le cap. Ce n’est pas un hasard si les syndicats ont élaboré des outils et supports à destination des médecins et de leurs patients (affiches sur les nouveaux tarifs, kits pédagogiques). « Le mouvement démarre doucement mais la pression va croître progressivement », assure le Dr Claude Bronner, président d’Union Généraliste (FMF). Pour le Dr Luc Duquesnel (UNOF), « c’est pareil qu’en 2002, les médecins se renseignent pour paramétrer leurs logiciels, il y a une véritable montée en charge ».

*Près de 5 000 réponses ont été recueillies en décembre 2015.
Cyrille Dupuis

Source : Le Quotidien du Médecin: 9464