Ce que vous ne savez (peut-être) pas sur François Braun, nouveau ministre de la Santé

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Publié le 09/07/2022

Crédit photo : S. Toubon

On ne l’attendait pas forcément à ce poste. C’est pourtant le Dr François Braun qui vient d’être nommé ministre de la Santé et de la Prévention, en remplacement de Brigitte Bourguignon, démissionnaire après sa défaite aux dernières élections législatives. L’urgentiste de 59 ans (né sur le territoire de Belfort), chef de pôle des urgences de l’hôpital de Mercy du CHR de Metz-Thionville depuis 2010 et président de Samu – Urgences de France, est passé de l’ombre à la lumière en l’espace de quelques mois.

D’abord nommé référent santé de Macron durant la dernière campagne présidentielle, il s’est vu confier une mission flash sur les urgences et les soins non programmés… avant de devenir ministre. Qui est François Braun ? Portait à travers quelques évènements qui jalonnent son parcours.

Ministre malgré lui ?
François Braun« Si on me le demande, je ne pourrais pas refuser. Je serai là où je pourrais être le plus efficace pour faire avancer les choses. » C’est ce que répondait au « Républicain Lorrain » le Dr François Braun, quelques jours avant sa nomination, alors qu’il était interrogé sur son éventuelle entrée au gouvernement. Le médecin n’en faisait pas une priorité, comme il l’avait également confié au « Quotidien ». Bien connu du monde hospitalier, l’homme n’est pas un habitué des arcanes de la vie politique, ce qu’il reconnaît sans complexe. Pour preuve cette anecdote : « Je suis novice, je n’ai pas encore les usages », glissait-il à Brigitte Bourguignon lors de la passation de pouvoir au ministère de la Santé, alors que cette dernière l’invitait à retirer son masque avant de prendre la parole.

Il aurait pu être vétérinaire
François BraunUn père médecin-chef des sapeurs-pompiers, des grand-père et arrière-grand-père médecins militaires… La médecine est une affaire de famille chez les Braun. Sauf que François avait une autre ambition étant jeune, celle de devenir vétérinaire. C’est son père qui l’en dissuadera, après son Bac C obtenu « au rattrapage », en l’envoyant en stage à la campagne. Le futur ministre s’inscrira finalement en fac de médecine où il prendra « plaisir à faire quelque chose de visible et d’efficace ». C’est encore son père qui lui donne le goût des urgences, « une médecine de l’immédiateté, on voit tout de suite si ce que l’on fait est efficace ». Il optera pour les urgences dès 1984, au CHU de Nancy, alors que cette discipline est encore peu reconnue dans les hôpitaux. Il y rejoint l’équipe du Pr Alain Larcan, pionnier de la réanimation et de la médecine de catastrophe à l’origine du premier service d’urgence et de réanimation créé en France en 1963.

Macroniste, un choix de raison ?
François BraunEn acceptant de devenir l’un des trois référents santé du candidat Macron durant la campagne présidentielle de 2022 (avec le Dr Sébastien Mirek, médecin anesthésiste-réanimateur au CHU de Dijon, et Pascale Mathieu, présidente du Conseil national de l'Ordre des masseurs-kinésithérapeutes), l’urgentiste a mis un pied dans la politique. Pourquoi s’est-il engagé ? « J'ai trouvé le projet intéressant. Il y a déjà des choses qui ont été faites, donc c'est un peu dans la continuité. Même si je ne suis pas forcément d'accord avec tout ce qui a été fait », répondait au mois de janvier dernier François Braun au micro de France Bleu Lorraine, en précisant qu’aucune autre équipe de campagne ne l’avait sollicité. L’urgentiste n’est pas encarté dans le parti du président, qui a cependant sollicité ses avis durant la crise du Covid. Pourquoi l’a-t-il choisi ? « Pour mon carnet d’adresses je suppose. Je connais pas mal de monde de par ma présidence à Samu-Urgences de France (SUdF) et dans le monde libéral. J’ai été contacté par la conseillère santé de l’Élysée qui m’a demandé d’être un relais santé pour la majorité présidentielle »répondait le Dr Braun il y a quelques mois. Dans l’extrait ci-dessous (France Bleu Lorraine), il explique quel a été son rôle durant la campagne.

Syndicaliste urgentiste
François BraunSa passion pour les urgences l’a rapidement mené au syndicalisme. D’abord secrétaire général de Samu – Urgences de France dès 2002, il en deviendra le président en 2014 après le départ de Marc Giroud à l’origine de la structure en 1975. « Il y a tout à construire », confie à l’époque François Braun au « Républicain Lorrain ». Il milite pour faire de la médecine d’urgence une spécialité à part entière, ce qui se concrétise en 2017. « On ne peut lui reprocher de ne pas être un urgentiste polyvalent, qui a toujours bossé. En plus c’est un très bon clinicien », dit de lui Thomas Schmutz, l’un de ses proches collaborateurs à Verdun et à Metz.

Lanceur d’alerte avec l’opération « No bed challenge »
François Braun10 janvier 2018, Samu – Urgences de France lance le « No bed challenge ». Objectif : alerter sur les difficultés à trouver des lits d’aval aux urgences. Chaque matin les services des établissements participant à l’opération répertorient le nombre de patients restés sur des brancards la nuit faute de lit d’hospitalisation. Chaque semaine, un classement est établi mettant en lumière les carences des établissements. « Il est pour nous difficilement compréhensible qu’il n’y ait pas plus de réactions. On essaie d’être des lanceurs d’alerte, mais on a le sentiment de prêcher dans le désert », explique à l’époque le Dr Braun à l’origine de l’initiative.

Pionnier du SAS
François BraunInitié par Agnès Buzyn, le service d’accès aux soins (SAS) universel a fait ses premières armes en janvier 2021 à Metz… sous la houlette du Dr François Braun. Le CHR de Metz-Thionville fait partie des 22 sites pilotes retenus pour une expérimentation grandeur nature. Le SAS doit permettre de désengorger les services d’urgences tout en garantissant un accès aux soins pour tous. Mais il implique une étroite collaboration entre la ville et l’hôpital. Un pari réussi à Metz où l’hôpital travaille main dans la main avec la CPTS, chargée d’organiser les astreintes en ville.

La généralisation du tiers payant ? Pas un sujet tabou
François BraunLe référent santé du candidat Macron n’écarte pas l’idée de relancer la mise en place du tiers payant généralisé. « Tout est sur la table et il n'a pas encore été arbitré pour l'instant mais il n'y a pas de sujet tabou »déclarait le Dr Braun en avril dernier. Très pragmatique, il assurait cependant que « toutes les mesures iront dans la voie de la simplification ». La piste serait de « confier le rôle d’intermédiaire financière à l’Assurance maladie qui recouvrerait les fonds auprès des complémentaires ». Une solution qui vise à rassurer les médecins libéraux inquiets à l’idée d’un nouveau casse-tête administratif.

Favorable à la fermeture des petites maternités
François BraunÀ contre-courant des discours tenus par les élus locaux, une vingtaine de représentants de praticiens – leaders syndicaux, responsables de collèges professionnels, publient en 2019 une tribune plaidant pour la fermeture des petites maternités pour raison de sécurité. Le Dr François Braun en fait partie. « En tant que représentants des médecins en charge des maternités, nous sommes inquiets du maintien de certaines maternités mettant en danger la vie des femmes et des nouveau-nés », écrivent les signataires. Selon eux, certaines structures ne sont plus à la hauteur des attentes, avec de vrais risques médicaux associés. « Ne pas accepter les restructurations, c’est passer sous silence l’assouplissement de critères de sécurité où des maternités fonctionnent parfois sans pédiatre de garde, la baisse de niveau de qualification des acteurs, la multiplication des contrats intérimaires aux coûts onéreux qui, malgré leur aide, ne peuvent remplacer une équipe multidisciplinaire stable », alertent les signataires.

Chevalier de la Légion d’honneur
François BraunFrançois Braun a été élevé au rang de chevalier de la Légion d’honneur dans la promotion du 1er janvier 2021. Le médecin a été distingué pour son engagement dans la lutte contre le Covid dans une région – l’est de la France – touchée de plein fouet par la première vague épidémique. Il a notamment contribué à organiser le transfert en TGV de patients vers l’ouest de la France pour soulager les hôpitaux de la région.

Novartis, AstraZeneca, Pfizer… quels liens d’intérêts ?
François BraunComme pour tous les professionnels de santé, les avantages et les liens d’intérêts du Dr Braun sont déclarés sur le site « Transparence Santé Public ». Entre 2016 et 2021, le médecin a bénéficié d’avantages pour un montant de près de 7 500 euros au titre de frais d’hébergement, de restauration pour un congrès… Les principaux laboratoires contributeurs sont AstraZeneca, Novartis et Mundipharma. Le total déclaré reste cependant sous-évalué, certaines prestations dont a bénéficié le Dr Braun n’étant pas renseignées. Le montant le plus élevé, 1 184 euros, concerne un contrat d’expert scientifique auprès de Novartis pour l’année 2017. Entre 2020 et 2021, les avantages déclarés se résumaient à un repas à 22 euros en décembre 2021, réglé par la société Medical developments, spécialisée dans la conception de produits pharmaceutiques (notamment respiratoire).

 


Source : lequotidiendumedecin.fr