Comment le Gard et le Val-de-Marne tentent de limiter la violence contre la profession

Publié le 13/04/2015
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Pour contrecarrer les agressions de médecins, le Gard et le Val de Marne ont mis en place des dispositifs pilotes qu’ils ont présentés à Paris lors d’un débat organisé par l’Ordre.

Un boîtier d’urgence dans le Val-de-Marne

« Dans le Val de Marne, nous avons testé un dispositif permettant de géolocaliser les médecins menacés lors de visites en nuit profonde », explique le Dr Bernard Le Douarin, président du conseil de l’Ordre du Val-de-Marne. Le principe du boîtier d’urgence est simple. En cas de danger, il suffit au médecin de presser le bouton central « SOS ». Le boîtier, relié au centre 15, envoie un signal sous forme de vibrations à l’effecteur en difficulté pour lui signaler que son appel a bien été pris en compte. Le centre 15 active le micro dont est doté le boîtier. Si la situation est inquiétante, il prévient les forces de l’ordre pour une intervention immédiate. Léger et facile à manipuler, ce dispositif permet un appel discret. Mais l’expérience a permis de relever les inconvénients du dispositif. Son coût peut être élevé (250 euros) si les départements comptent beaucoup d’effecteurs. L’adhésion des médecins à la géolocalisation est parfois un obstacle. Les praticiens se disent rassurés par ce dispositif mais le bilan est nuancé. « Il n’y a eu qu’une alerte et son retour est négatif, résume le Dr Le Douarin. Le médecin a été attaqué très violemment par deux agresseurs dans une cité. Il a essayé de se protéger, mais il était dans l’impossibilité d’utiliser son boîtier situé dans sa poche. L’alerte a été donnée par des voisins et les forces de l’ordre sont intervenues 10 à 15 minutes plus tard. Le système a donc des limites. »

La vidéo-protection dans le Gard

Le Gard a opté pour un contrat local de sécurité avec tous les acteurs de Nîmes. « L’Ordre est associé au choix de l’emplacement de nouvelles caméras dans la ville et les cabinets, s’ils ne l’étaient pas déjà, deviennent vidéo-protégés, explique le Dr Bruno Kezachian, président du conseil du Gard. Tous médecins qui le demandent peuvent être vidéo-accompagnés pendant leurs visites. » La ville de Nîmes est divisée en plusieurs secteurs, chacun disposant d’un référent sécuritaire. L’Ordre participe de droit aux réunions du comité local de sécurité. Selon le Dr Kezachian ces réunions permettent de prendre des décisions effectives de sécurité. « Une consœur qui exerce dans un quartier difficile nous a appelés car elle voulait dévisser sa plaque, relate-t-il. Cela faisait dix fois qu’elle avertissait la mairie que des personnes dealaient et rackettaient ses patients près de son cabinet. » Le référent ordinal s’est saisi du dossier et le problème a été réglé énergiquement dans les dix jours. « Notre consœur est toujours en exercice au même endroit », se réjouit le président de l’Ordre du Gard. Depuis la mise en place de la vidéo-protection, le nombre d’incidents a chuté. « Nous avions un signalement par semaine sur la ville de Nîmes, aujourd’hui c’est un par mois. C’est encore trop, mais déjà un peu mieux », conclut le Dr Kezachian.

Sophie Martos

Source : Le Quotidien du Médecin: 9403