Tarifs, budget, transports sanitaires, GHT

Entre la FHF et la FHP, des défis communs pour enterrer la hache de guerre

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Publié le 25/09/2017
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Après le temps des piques et du dénigrement, la paix des braves ?

La rentrée hospitalière est marquée par la main réciproquement tendue entre la FHF et la FHP, les deux fédérations incontournables des secteurs public et privé.  

Pour la forme, chaque maison hospitalière s'est illustrée par sa présence lors des universités d'été de son rival traditionnel. Le 19 septembre, le délégué général de la FHF David Gruson assistait à une table ronde de la FHP. Le 5, le président de la FHP Lamine Gharbi écoutait les propos d'Agnès Buzyn en clôture de la manifestation de la FHF. 

« J'ai enterré la hache de guerre avec les trois fédérations » (FHF, FEHAP et UNICANCER) admet volontiers Lamine Gharbi. Adieu les invectives contre l'hôpital public, ce « puits sans fond » attaché à « la culture du déficit » régulièrement vilipendé par la FHP. Lamine Gharbi milite en faveur du « rassemblement des acteurs hospitaliers pour relever les défis qui nous attendent ». Même les groupements hospitaliers de territoire (GHT) ne sont plus des « pièges monstrueux » pour le patron des cliniques.

De son côté, le président de la FHF, Frédéric Valletoux, ne critique plus devant les médias l'attitude qu'il a pu juger par le passé « agressive, excessive et inutile » de la FHP. Et il rassure régulièrement le secteur libéral sur la stratégie du public « davantage dans la coopération que dans l'expansionnisme »

Batailles communes

Sans renoncer à leurs revendications propres, les deux adversaires se sont trouvé des batailles communes. Le premier signe avant-coureur de ce réchauffement climatique date du printemps, au moment des arbitrages sur la campagne tarifaire 2017. Dans un front uni inédit, FHP, FHF, FEHAP et UNICANCER exhortaient les pouvoirs publics à ne pas envisager de nouvelles « contraintes financières insoutenables » pour les établissements et à « ne pas céder à une politique de mise en réserve déraisonnable » (coefficient prudentiel), ce gel de crédits hospitaliers utilisé pour garantir le respect annuel de l'enveloppe de dépenses maladie (ONDAM).

D'autres revendications partagées ciblées sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2018 ont contribué au rapprochement des frères ennemis hospitaliers. Parmi les priorités : dégager de nouvelles marges de manœuvre pour financer l'innovation et la télémédecine. Et aucun des deux secteurs ne veut non plus voir son enveloppe budgétaire amputée par un transfert intégral aux établissements des frais de transport sanitaire. 

En évitant l'affrontement, les deux fédérations comptent peser plus lourdement sur les arbitrages. Elles s'attirent aussi les bonnes grâces de la nouvelle ministre de la Santé qui, dans sa première prise de parole de la rentrée, aux Rencontres de la Baule, a été limpide : les divisions ancestrales entre le public et le privé, elle ne peut « plus les supporter ».

 

 

Anne Bayle-Iniguez

Source : Le Quotidien du médecin: 9604