La santé s'impose comme enjeu clé de la présidentielle… et l'image des Ehpad s'effondre, selon un baromètre Odoxa

La santé sera finalement un « enjeu majeur » de l'élection présidentielle pour les Français – comme pour les médecins – révèle un sondage* Odoxa publié ce vendredi. 64 % des Français y indiquent que les propositions des candidats en matière de santé auront un « impact » sur leur vote, soit neuf points de plus que lors de la dernière présidentielle. 

Sévérité et angoisse

Si la santé a marqué des points comme thématique de campagne (que ce soit à travers les déserts médicaux ou l'hôpital), c'est sans doute à cause du pessimisme des Français sur l'avenir. 59 % d'entre eux estiment que le système de santé sera demain « moins bon » qu'il ne l'est actuellement. Et 51 % des sondés tirent un bilan négatif de l'action du gouvernement dans la crise sanitaire (contre 46 % des Européens en moyenne). « Il y a à la fois de la sévérité et de l'angoisse dans le jugement de nos concitoyens », analyse Gaël Sliman, président d'Odoxa. En revanche, alors que la profession a été très critique sur la gestion de la pandémie (surtout dans la première phase), les médecins interrogés par Odoxa ne sont « que » 32 % à en tirer un bilan négatif.

La crainte globale de l'opinion est d'autant plus forte que les trois quarts des Français ont une bonne image de la qualité des soins dans leur pays, une proportion similaire à la moyenne européenne (76 %). La même proportion de Français continuent à cet égard de penser que la France conserve aujourd'hui le meilleur système des pays d'Europe.

L'impact des « Fossoyeurs »

Questionnés spécifiquement sur la dépendance, les trois quarts des Français déclarent se sentir concernés par cette thématique, proportion en hausse par rapport à 2017. Surtout, 65 % se disent inquiets de la façon dont ils géreront leur propre vieillissement, une part qui se retrouve chez les autres citoyens européens sondés.

Dans ce cadre, la publication du livre enquête « Les Fossoyeurs », qui dénonce une forme de maltraitance institutionnelle dans les Ehpad privés du groupe Orpea, est le signe pour les trois quarts des sondés que ces établissements ne prennent pas assez soin de leurs pensionnaires. La même proportion se montre critique sur la prise en charge de la santé et de l’accompagnement du grand âge et de la perte d’autonomie. Et 60 % des médecins se disent eux aussi insatisfaits sur cette question. De tous les pays européens, la France est celui où cette perception est la plus mauvaise…

Après l'enquête sur l'affaire Orpea, « cette image dégradée fait s’effondrer l’attrait des Ehpad », résume le baromètre Odoxa. Au point que 75 % des Français ont une mauvaise image des Ehpad (vs 57 % des Européens), souligne Odoxa. Dans le cas où leurs capacités physiques se dégraderaient, 64 % préféreraient rester à domicile (+8 points depuis 2019) et « 78 % estiment qu'il faudrait rendre tous les Ehpad non lucratifs ».

La e-santé dopée par les téléconsultations Covid

Dernière thématique de l'enquête, la santé connectée, désormais largement perçue comme une « opportunité » pour améliorer prévention (76 %) et qualité des soins (62 %) par les Français mais aussi par les médecins. La recommandation et la prescription d'objets connectés ont doublé depuis 2014, même si elle reste modeste (autour de 12 %). 

Plus significatif, près de huit Français sur dix seraient prêts à s'équiper d'un objet connecté médical pour le suivi de leur pathologie chronique (si leur médecin leur recommandait) ; et 74 % pensent que c'est une opportunité pour le maintien à domicile.

Enfin, sans surprise, l'usage de la téléconsultation a explosé au cours de la crise sanitaire. 23 % des Français et 71 % des médecins ont déjà effectué une consultation à distance (versus 6 % et 13 % en 2019).

59 % des Français ont déjà effectué deux téléconsultations ou plus, tandis que la médiane chez les médecins est de 50 téléconsultations. Mais surtout, le taux de satisfaction des utilisateurs des consultations vidéo semble au rendez-vous avec 82 % d'appréciation positive chez les patients et 72 % côté médecins (même si les praticiens « très satisfaits » sont seulement 17 %).

* Échantillon de 1 000 Français interrogés en ligne du 15 au 16 février ; de 3 015 Européens (Espagnols, Italiens, Britanniques, Belges et Allemands) interrogés du 24 au 28 février et de 250 médecins interrogés du 24 février au 1^er mars. Sondage pour la Fédération des garanties et assurances affinitaires (FG2A) et la Réunion des organismes d'assurance mutuelle (Roam), en partenariat avec la chaire santé de Sciences Po.