Hollande ne s’occupe plus que des élections

Le rassembleur impopulaire

Publié le 22/10/2015
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Hollande tente de relativiser la défaite annoncée de la gauche aux régionales

Hollande tente de relativiser la défaite annoncée de la gauche aux régionales
Crédit photo : AFP

Avec l’approbation du pouvoir, le premier secrétaire du PS, Jean-François Cambadélis a organisé un référendum qui demandait aux votants de répondre « oui » à une question sur la nécessité de l’unité de la gauche lors des prochaines échéances électorales. Quelque 250 000 Français ont participé au scrutin, 90 % ont répondu par l’affirmative. M. Cambadélis a vu dans ce résultat une victoire, mais le paysage politique n’a pas changé. Le Front de gauche et Europe Écologie-les Verts qui, malgré d’importantes défections reste majoritaire dans le mouvement écologiste, ont décidé de faire bande à part aux régionales, dont l’issue sera sans doute marquée par une forte poussée du Front national, susceptible de remporter deux régions sur 13 et par une débâcle de la gauche qui, aujourd’hui, gouverne la presque totalité des vingt régions de l’ancien découpage.

Si François Hollande ne parvient pas à redresser l’économie française à la traîne en Europe, il est très actif sur le front électoral. Il a essayé en vain d’amener Martine Aubry à être candidate dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Il a convaincu Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, de conduire les socialistes en ïle-de-France, ce qui permet à la gauche d’avoir un espoir dans cette région car elle y est au coude-à-coude avec la liste que conduit Valérie Pécresse (Les Républicains). Enfin, il a demandé à Jean-Yves Le Drian, l’excellent ministre de la Défense, de prendre la tête de la gauche en Bretagne et un tout récent sondage donne M. Le Drian largement vainqueur. Le chef de l’État est donc prêt à sacrifier les forces vives du dispositif de la gauche pour atténuer sa défaite attendue aux régionales. M. Bartolone, s’il l’emporte, ne retournera pas à l’Assemblée et M. Le Drian, s’il gagne, quittera le gouvernement.

L’abandon des scrupules.

Le président de la République espère donc qu’une déroute tempérée aux élections régionales lui donnera de meilleures chances à l’élection présidentielle de 2017. Il souhaite que Nicolas Sarkozy soit le candidat de la droite parce qu’il se croit capable de l’éliminer dès le premier tour, de se retrouver en tête-à-tête avec Marine Le Pen au second et de rééditer la victoire de Jacques Chirac en 2002 contre Jean-Marie Le Pen. Le PS a décidé d’unifier la droite et l’extrême droite dans le même anathème en leur donnant un seul nom, celui de « bloc réactionnaire », ce qui est outrancier, mais la gauche, qui ne représente plus que quelque 35 % de l’électorat, va si mal qu’elle a abandonné beaucoup de ses scrupules. L’amalgame droite-extrême droite est insupportable pour les électeurs républicains qui votent pour LR ou au centre. À ses ennemis de gauche qui sont nombreux, M. Hollande vient d’ajouter des ennemis de droite supplémentaires.

Il a d’ailleurs tendance à minimiser son impopularité, qui ressort de tous les sondages, où sa cote favorable ne dépasse pas 24 % et pèse sur celle de Manuel Valls, à 36 %. Il croit que la courbe va s’inverser, comme celle du chômage. Il néglige la mauvaise humeur qu’il rencontre sur le terrain. Il n’hésite pas à engager le dialogue avec ceux qui refusent de lui serrer la main et tiennent des discours revendicatifs devant lui. Sa bonne volonté est pathétique : il continue à prôner le dialogue social quand la CGT refuse d’assister à la quatrième conférence sociale du quinquennat. Mais il n’a pas su gérer l’affaire d’Air France avec résolution. Il a d’abord laissé Manuel Valls traiter de « voyous » les militants syndicaux qui ont agressé deux cadres d’Air France, puis il s’est inquiété des conditions de l’interpellation des mêmes. À l’opposition de gauche, le président doit donc ajouter la CGT, qui fait d’Air France une affaire politique et un abcès de fixation, et Force ouvrière. Les résultats des régionales risquent d’affaiblir un peu plus encore la stratégie de M. Hollande pour son second mandat. Ils donneront la mesure de ce que représente la gauche en France au-delà des manœuvres, des défections, des trahisons, des tactiques qui semblent bien peu adaptées à la réalité économique et sociale.

Richard Liscia


Source : Le Quotidien du Médecin: 9443